Avec notre envoyée spéciale à Jérémie, Stefanie Schüler
Le Lycée Nord Alexis au centre-ville de Jérémie. Ici vivent ceux qui ont tout perdu dans le passage de l’ouragan Matthew. Difficile d’estimer leur nombre exact. Ils doivent être plusieurs centaines, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, d’autres handicapés.
« Ici, c’est un centre de vote très important. Mais nous nous trouvons dans une grande précarité. Nous n’avons reçu la visite d’aucune autorité. Nous ne faisons qu’entendre des rumeurs disant qu’on va nous déloger pour les élections », explique Wilkinot Brunache, 22 ans, qui dit de bien avoir conscience que cet abri provisoire précaire ne peut pas devenir sa nouvelle maison.
Mais pour partir, il faut une prise en charge par les autorités, estime Francesca Brisnot : « Nous n’avons pas peur de nous faire expulser. On a vu pire : l’ouragan a failli nous emporter. Si on nous expulse, nous avons besoin de moyens pour rentrer chez nous, de la nourriture, des tôles, du bois. Sans cela, les gens ne pourront pas partir. »
Une réunion sous la houlette des autorités électorales départementales a eu lieu dans la matinée car deux des quatre centres de vote de Jérémie sont encore occupés par les sinistrés. Plusieurs options sont en discussion : reloger les sinistrés, mettre des tentes à la place du centre de vote ou relocaliser les centres dans d’autres établissements scolaires. A seulement quelques heures du coup d’envoi des élections, cette prise de décision paraît bien tardive.

→ (Re) lire : Haïti: après le passage de Matthew, le difficile retour au quotidien