Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe
Le Norte ne se trouve déjà plus dans les kiosques de Ciudad Juárez. Dans un éditorial intitulé « Aios » (« Adieu »), et publié à la une du journal, son directeur, Oscar Cantu, a annoncé dimanche que c’était la dernière édition papier du quotidien. Selon lui, l’assassinat de Miroslava Breach a mis en évidence les agressions mortelles contre les journalistes mexicains et l’impunité qui prévaut dans ce pays. Ce qui empêche les journalistes du Norte de travailler librement tout en mettant leur vie en danger.
Cette décision est symptomatique de la violence qu’exercent sur la presse régionale et locale les narcotrafiquants qui n’hésitent pas à s’attaquer aux installations des journaux et à enlever ou tuer des journalistes. Mais la presse au Mexique est aussi la victime de la pression des politiques et des autorités. Leur but : éviter que soient dénoncés les actes de corruption qu’ils commettent ou leurs liens avec le crime organisé.
Cette situation oblige généralement les médias à pratiquer l’autocensure. Et dans les cas extrêmes, comme celui du Norte, à fermer purement et simplement le journal face à l’insécurité qui règne et à l’absence de garanties pour exercer un journalisme critique et indépendant.