Le Pérou continue de débattre de la grâce controversée accordée à l'ancien chef de l'Etat Alberto Fujimori. La grande question, c'est : « Y a-t-il eu négociation ? » entre le parti fujimoriste et le parti présidentiel. « Non », répond le ministre péruvien de la Justice dans un entretien avec RPP Noticias, des propos repris dans El Comercio. Le ministre assure « qu'il n'y a pas eu de coordination pour obtenir "un outil de négociation et éviter ainsi une vacance présidentielle" », commente le journal. Le président Pedro Pablo Kuczynski, visé par une procédure de destitution, doit son salut, à l'abstention de plusieurs parlementaires fujimoristes.
Autre question : la décision de gracier Alberto Fujimori pourrait être révoquée ? « Oui, bien sûr », affirme Cesar San Martín, président du Tribunal qui a condamné l’ancien président à 25 ans de prison. Selon le magistrat, cité par La República, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) peut remettre en cause cette grâce présidentielle. Le chef de l'Etat va devoir, selon lui, justifier sa décision devant les instances internationales.
« Un fujimorisme affaibli »
En tout cas, cette grâce a rebattu les cartes. L'éditorialiste d'El Comercio souligne deux changements structurels : « le fujimorisme est moins fort aujourd'hui [ce qui, en résumé, est une bonne nouvelle pour le président Kuczynski]. Et l'anti-fujimorisme n'est plus allié au gouvernement » [ce qui n’est pas une perte "mineure" pour l'exécutif]. Les prochaines nominations au Cabinet vont donner les clés de l'équilibre des forces, pense le journal, qui conclut : « Il ne fait aucun doute que nous vivons une époque intéressante . Bref, « 7 ans après sa démission, écrit El Colombiano, Alberto Fujimori est toujours le grand facteur de division de la société » péruvienne. « Son cas, comme tant d'autres, révèle également à quel point la prétendue protection des droits de l'homme est subordonnée aux intérêts politiques, et comment certains de ceux qui prétendent défendre ces droits ne se révoltent que lorsque l'impunité protège ceux qui ne sont pas de leur propre bord idéologique ».
Nisman : autopsie d’un meurtre
En Argentine, c’est une première : un juge fédéral dit avoir réuni suffisamment de preuves pour affirmer que le procureur Nisman ne s'est pas suicidé en se tirant une balle dans la tête, il y a bientôt trois ans. Il a, selon lui, été assassiné. Alberto Nisman est mort alors qu'il venait d'accuser l'ex-présidente Kirchner d'avoir voulu étouffer la possible implication de l'Iran dans un attentat à Buenos Aires en 1994. Le juge prétend « qu'on a tiré sur Nisman avec une "arme amie", fournie par Diego Lagomarsino, un proche collaborateur du procureur décédé. Il évoque un "plan complexe", mais pas de nom, pas de motif, « il ne présente même pas d'hypothèse », reconnait La Nación. Le journal indique que les mouvements de 4000 téléphones portables sont actuellement étudiés, ce qui devrait « prendre pas moins de 3 mois ». Bref, conclut, Pagina12, « on ne sait rien, mais on sait que Lagomarsino a aidé », participé à ce qui est désormais qualifié d'homicide.