Il est attendu comme le messie par une majorité de Colombiens qui espéraient le retour de la droite au pouvoir. Mais il va devoir également affronter la contestation d'une opposition qui promet déjà de nombreuses manifestations.
Voilà le premier défi que va devoir relever le nouveau président colombien Ivan Duque : réussir à pacifier un pays très divisé après huit années de présidence de Juan Manuel Santos.
Ivan Duque veut réviser les accords de paix signés en 2016 avec les FARC. Des accords qui ont permis de mettre un terme à un conflit de plus de 50 ans. Un dossier épineux qui risque de créer encore plus de divisions au sein de la population.
Autre dossier sensible, les négociations de paix avec l’ELN, l’Armée de libération nationale, dernière guérilla active. L’ELN, qui discutait avec le gouvernement sortant et qui attend pour sceller un cessez-le-feu la décision d’Ivan Duque. Mais ce dernier ne s’est pour l’instant pas exprimé sur cette éventualité.
Enfin, sur le plan international, son principal défi concernera le Venezuela. Un pays qui s’effondre sur le plan économique et dont beaucoup de ressortissants quittent le territoire pour s’installer en Colombie. Ivan Duque a promis d’adopter une stratégie qui doit mener le Venezuela vers des élections libres sans pour autant expliquer comment il comptait s’y prendre.
■ Santos, le coeur léger
Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Prix Nobel de la paix en poche, Juan Manuel Santos s'en va satisfait, heureux même. Depuis quelques jours, il multiplie les interviews et s'est donné le luxe de jouer les youtubeurs humoristes sur Internet.
Santos n'est pas populaire, il est même détesté par cette droite dure qui reprend le pouvoir. Mais il est convaincu d'avoir œuvré pour le bien du pays en signant la paix avec les FARC.
Le président sortant entend ne plus se mêler de politique. Il veut laisser gouverner son successeur. Pour rappel, son prédécesseur, Alvaro Uribe, a été son plus féroce opposant. Et son successeur Ivan Duque n'est autre que l'homme d'Alvaro Uribe.
Ivan Duque, qui n'a aucune expérience, hérite d'un pays divisé entre les détracteurs et partisans du processus de paix mené par Santos. Sur la place Bolivar de Bogota, tribunes, grands écrans, hauts parleurs : tout est prêt pour la passation de pouvoir qui aura lieu ce mardi après-midi. Sur les réseaux sociaux, l'opposition appelle les pacifistes à manifester le matin dans les rues de la capitale.