Au Chili, la presse est assez sceptique ce mardi au lendemain de l’annonce par le président Sebastian Piñera d’un remaniement ministériel après 10 jours de contestation. La Tercera note que l'âge moyen des ministres a baissé de 3 ans, ce que le président chilien décrit comme un « changement de génération ». Aucun changement, selon le journal chilien, en ce qui concerne la formation des ministres. Ils restent, à une exception, le produit de l'éducation privée.
Pour EL Mostrador, « bien que le Président ait changé deux des trois noms au niveau du Comité politique et entièrement renouvelé les portefeuilles des finances, de l'économie et du travail », ce remaniement « n'a pas été accompagné de nouvelles propositions (...) autre que le paquet de mesures annoncé la semaine dernière. (...) Le président ne veut toujours pas voir que le problème est politique et pas seulement économique, qu'il ne sera pas résolu avec une simple liste de supermarché ». Notez que les travailleurs de la mine d'Escondida, la plus grosse mine de cuivre au monde, ont débuté aujourd'hui une grève de 24h pour appuyer ce mouvement contre les mesures économiques et sociales du gouvernement Pinera. C'est ce qu'indique BioBioChile.
Violations des droits de l’homme
Parmi les ministres sortants figure le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité. Ce dernier est très controversé depuis le début de la contestation au cours de laquelle au moins 20 personnes sont mortes et plus de mille ont été blessées. Les accusations de violation des droits de l'homme se sont multipliées : tirs au plomb par les forces de l'ordre, torture, tabassage et violences sexuelles. La Tercera note qu'au total, « l'Institut national des droits de l'homme a recensé 19 plaintes pour violences sexuelles commises contre des civils par des agents de l'État depuis le début de l'état d'urgence ». Les victimes présumées sont surtout des femmes et des enfants. Le journal rappelle que face à la multiplication de ces accusations, l'ex présidente chilienne, Michelle Bachelet, aujourd'hui haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, a décidé d'envoyer une mission dans le pays. Cette dernière a commencé à travailler lundi et restera trois semaines sur place.
Au nord du Chili, en Bolivie, des manifestations anti et pro-Evo Morales ont fait des blessés lundi. Le président bolivien qui a été réélu il y a une semaine lors d'un scrutin controversé. « La lutte entre les secteurs liés au gouvernement et ceux qui dénoncent la fraude électorale s'aggrave », écrit La Razon. « A Santa Cruz, 30 personnes auraient été blessées, dont une grièvement. A La Paz, il y a eu des affrontements dans plusieurs endroits, ainsi que dans la ville de Cochabamba », les trois villes les plus peuplées de Bolivie.
Haïti : 7e semaine de paralysie
Gotson Pierre, fondateur du réseau alternatif d'information Alterpresse.org, revient sur les conséquences du mouvement de protestation qui réclame la démission du président Jovenel Moïse.
Gotson Pierre
Argentine : la transition commence
La presse du continent évoque aussi la première rencontre entre Alberto Fernandez, vainqueur de la présidentielle dimanche, et l'actuel président Mauricio Macri. Un premier contact qui s'est déroulé dans de bonnes conditions selon la presse. Ce n'était pas gagné car les deux hommes, jusqu'ici, ne se parlaient pas. « Mauricio Macri et Alberto Fernandez ont donc entamé la transition par une rencontre d'une heure à la Casa Rosada », écrit Pagina12. La transition « culminera avec le transfert du pouvoir le 10 décembre ». Le journal précise que plusieurs délégués ont été nommés des deux côtés pour maintenir le lien désormais entre l'équipe sortante et la nouvelle équipe.
Etats-Unis : un pas de plus vers l'impeachment
Après des semaines d'enquête privée, les démocrates de la Chambre des représentants entendent voter jeudi « pour amorcer une phase publique de l'enquête » d'impeachment contre le président Donald Trump, explique le New York Times. Concrètement, ajoute le Washington Post, cela va « forcer les députés à se prononcer publiquement en faveur ou contre l'enquête et à dicter les règles de la prochaine étape ». « Ce vote, analyse le journal, est la mesure la plus tangible que les démocrates aient prise jusqu'à présent ». « Cela posera également, anticipe le Washington Post, un dilemme politique avant les élections de 2020 pour les députés des deux partis qui se présenteront dans des circonscriptions très disputées, sachant que ce vote [de jeudi à la Chambre] sera considéré comme un vote par procuration pour la question plus large de la destitution de Trump ».
Panama : les députés contre le mariage gay
Un mot du Panama, pour finir cette revue de presse. Le pays veut faire inscrire l'interdiction du mariage gay dans la Constitution. L'Assemblée nationale a fait un premier pas en ce sens, raconte La Nacion, journal du Costa Rica. Les députés ont voté un projet de réforme de la Constitution qui préciserait dans l'un de ses articles que « l'Etat ne reconnait que le mariage entre un homme et une femme ». Pour le président d'une association de défense des LGBT cité par le journal, « les députés se sont laissés influencer par les églises évangéliques et catholiques ». Cela fait partie d'une modification plus large de cette Constitution datant de 1972, contre laquelle plusieurs secteurs ont manifesté lundi selon Panama America. Le texte doit à nouveau être étudié par le Parlement l'année prochaine.