Avec notre correspondante à Santiago,Justine Fontaine
Plus de six semaines après le début d'un mouvement social historique dans le pays, les Chiliens continuent de manifester presque tous les jours. Et cette nouvelle mesure sociale annoncée avec le versement d’une prime exceptionnelle à 1,3 million de familles pour atténuer les effets de la crise risque de ne pas suffire.
Dans une rue piétonne du centre-ville de Santiago, Monica, 64 ans, vend des chapeaux et quelques casquettes, étalés sur un petit chariot installé au milieu de la rue. Elle a entendu parler de l'annonce du président Sébastian Piñera, qui promet une prime de minimum 60 dollars pour les familles les plus vulnérables. Elle ne sait pas encore si elle pourra en bénéficier, mais elle n'est pas vraiment convaincue. « C'est vrai que ça m'aiderait un peu, mais ce n'est pas grand-chose finalement, c'est comme un calmant contre la douleur. Sauf que nous, on n'y croit plus. Ce n'est pas avec ça qu'il va nous calmer et nous faire dire que tout va bien. Car énormément de choses ne vont pas dans ce pays », pointe-t-elle.
« C'est un pansement sur une jambe de bois »
Catalina, 18 ans, partage son avis. Elle attend de la part de l'exécutif des réformes sociales de grande ampleur, et pas seulement une aide ponctuelle pour les plus pauvres. « C'est un pansement sur une jambe de bois, estime-t-elle. On ne demande pas des allocations. Ce qu'on veut, c'est de la dignité, avoir un système de santé de qualité, une éducation de qualité. Nous demandons des réformes profondes. »
Autre revendication des manifestants : réformer le système de retraites, privatisé sous la dictature du général Pinochet et qui fournit des pensions misérables à des centaines de milliers de Chiliens. Un chantier que le président ne semble pas prêt à engager pour le moment.