Sur un effectif théorique de 350 000 hommes dans les forces afghanes (armée et police), moins de 120 000 seraient capables d’intervenir efficacement sur le terrain, selon le spécialiste Jean-Charles Jauffret, enseignant à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Mais l’armée afghane, si elle est « médiocre » dans son ensemble, est plus solide qu’elle ne l’était il y a encore trois ans, avec entre autres des forces héliportées, d'autres formées par les Français, et des forces spéciales aujourd'hui crédibles.
C'est grâce à ces « noyaux durs » qu’elle tient face aux talibans – qui contrôlent actuellement l’est et le sud-est du pays. Mais ces talibans ont retenu leurs coups ces dernières années : ils prennent garde à ne pas mener d’attaques massives, pour éviter que la coalition ne reste plus longtemps que prévu. Ils s’en tiennent pour le moment aux attentats pour faire parler d’eux. Leurs offensives devraient donc redoubler lors du départ de l’Isaf.
Une question de motivation
Cette armée afghane est bien équipée, mais pas aussi bien qu’elle le devrait, pour les radars et l’artillerie par exemple : les Américains ne veulent pas alimenter l’autre camp en matériel, en cas de déroute de l’armée ou de guerre civile. Jean-Charles Jauffret souligne ainsi que la France n’a pas vendu un système d’artillerie précis et dissuasif, le Caesar, un canon pourtant demandé par les Afghans et qui porte à plus de 40 kilomètres.
Autre problème de l’armée afghane, sa composition. D’abord, elle ne comporte que peu de pachtounes, pourtant majoritaires dans le pays. Ensuite, les seigneurs de guerre continuent de prêter des hommes à cette armée qui aurait dû être composée d’appelés, et qui est, en fait, surtout composée d’engagés - ce qui coûte d'ailleurs très cher à la communauté internationale.
Ces engagés sont-ils vraiment motivés, ou ne sont-ils là que pour une solde qui arrive d’ailleurs de manière irrégulière ? D’autant que les talibans sont deux à trois fois mieux payés qu'eux, et qu'ils ont depuis longtemps infiltré l'armée. La question est donc de savoir comment soldats et policiers vont se comporter sur le terrain une fois que la présence internationale aura été fortement réduite.