Avec notre correspondante à Phnom Penh, Anne-Laure Porée
À l’annonce de la mort de Chea Sim, tout le quartier du Sénat a été bouclé. Depuis sa maison s’élèvent des chants funèbres pendant que les personnalités du gouvernement cambodgien viennent saluer sa dépouille. Sur les réseaux sociaux en revanche, les réactions sont plus virulentes. Le parcours de Chea Sim, proche de Hanoï, attise en effet le sentiment antivietnamien.
Chea Sim a été une personnalité politique de premier plan, après la chute du régime khmer rouge en 1979. Pourtant, il venait des rangs khmers rouges. Il était même commandant militaire. Il a fui les purges en 1978, s’est réfugié au Vietnam, et est revenu avec les troupes de libération. Les Vietnamiens, qui occupaient le pays, lui ont confié le ministère de l’Intérieur.
Un rôle politique crucial
Dès lors, il a eu la main pendant vingt ans sur les forces de sécurité du Cambodge et a joué un rôle politique crucial. Notamment au sein du Parti du peuple cambodgien, dont il est fondateur, et qui est toujours au pouvoir aujourd’hui.
Human Rights Watch ne lui trouve cependant aucune circonstance atténuante. Selon l’organisation, « Chea Sim a supervisé des districts où ont eu lieu de nombreuses atrocités et a présidé, après les Khmers rouges, un Etat policier. » Des critiques dont n’a cure le gouvernement, qui prépare une crémation en grandes pompes. Les funérailles veulent inscrire Chea Sim comme un « libérateur du régime génocidaire ».