Avec notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard
La police a dû être déployée pour calmer les tensions à Dadri, ce dimanche. De nombreux habitants de ce village, situé à une cinquantaine de kilomètres de New Delhi, ont protesté contre l'arrestation des deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans le meurtre de Mohammed Akhlaq, lundi dernier.
Les politiciens de tous bords se sont rendus à Dadri ces derniers jours, s'emparant de ce fait divers qui a pris une ampleur nationale. Le BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde, s'en est pris à ces derniers ainsi qu'aux médias, les accusant de chercher à politiser l'affaire. Mais plusieurs de ses membres ont eux-mêmes tenu des propos tendancieux depuis lundi. Certains, dont le ministre de la Culture, ont qualifié le meurtre de simple « accident ». D'autres ont pris la défense des meurtriers et appelé à des poursuites contre « ceux qui tuent les vaches et heurtent les sentiments des hindous ».
La presse indienne rapporte également que trois familles hindoues ont aidé à évacuer 70 musulmans dans la région, en début de semaine, alors qu'une foule s'approchait de leurs domiciles pour les agresser.
La fausse rumeur que Mohammed Akhlaq et sa famille stockaient de la viande de bœuf chez eux se serait répandue rapidement via WhatsApp. En Inde, cette application est fréquemment utilisée par les groupuscules extrémistes pour mobiliser les foules, dans le but d'exacerber les tensions intercommunautaires.