C’est une victoire historique. A 59 ans, Tsai Ing-wen, la candidate du Parti démocratique progressiste (PDP) devient la première femme présidente dans l'histoire de Taïwan. D'après les chiffres communiqués par la télévision, sa victoire prend la forme d'un véritable raz-de-marée puisqu'elle récolte 56% des voix contre 31% pour Eric Chu, le candidat du Kuomintang (KMT).
Les partisans de celle qu'on appelle déjà la « Angela Merkel de l'Asie » demandent une politique plus musclée vis-à-vis de Pékin, mais dans sa première déclaration, Tsai Ing-wen a choisi un ton plutôt conciliant, rapporte notre envoyée spéciale à Taipeh, Heike Schmidt. « Notre souhait commun à nous tous est le maintien de la paix et de la stabilité entre les deux rives du détroit de Taiwan », a-t-elle dit devant plus de 20 000 partisans, mais tout en appelant Pékin à respecter le « système démocratique, l’identité nationale et l’intégrité territoriale de Taiwan. »
Selon des experts, la victoire de Tsai Ing-wen va inévitablement compliquer, voire dégrader, les relations entre Taïwan et la Chine. En votant massivement pour la candidate du PDP, principal parti d'opposition, les Taïwanais ont clairement exprimé leur souhait de tourner le dos à des années de rapprochement avec Pékin. En effet, le KMT menait depuis huit ans une politique inédite de réchauffement avec le régime communiste chinois sous l'égide de Ma Jing-jeou.
Le KMT reconnaît sa défaite
Tsai Ing-wen et son parti démocratique progressiste ont infligé une défaite historique aux nationalistes du Kuomintang qui perdent non seulement la présidence, mais aussi la majorité au yuan législatif, le Parlement taïwanais. Le PDP a remporté pour la première fois la majorité des 113 sièges au Parlement monocaméral aux législatives qui se déroulaient samedi également. C’est une première.
Le KMT a rapidement reconnu sa défaite samedi. « Je suis désolé... Nous avons perdu. Nous n'avons pas travaillé assez dur et nous avons déçu les attentes des électeurs », a déclaré Eric Chu, au siège du Kuomintang.
Eric Chu a annoncé sa démission comme chef du parti dans la foulée, s'inclinant profondément en signe de contrition devant les sympathisants en plein désarroi du KMT. « Nous voulons féliciter le PDP pour sa victoire », a ajouté le dirigeant, « c'est le mandat du peuple de Taïwan » qui est « le plus grand vainqueur ». La politique de la main tendue vers la Chine a été fatale aux nationalistes.