Le programme de missiles moyenne portée de la République de Chine (Taïwan) est connu, il a démarré il y a dix ans. En revanche, c'est la première fois qu'un ministre taïwanais en fait état publiquement. Il faut dire que les relations entre Pékin et Taipei se sont dégradées depuis l'arrivée au pouvoir de la présidente pro-indépendantiste Tsai Ing-Wen, issue du Parti démocrate progressiste (PDP, Minjindang).
Mathieu Duchâtel, directeur adjoint du programme Asie au Conseil européen des relations internationales, rappelle que les relations étaient bien meilleure sous la présidence Ma Ying-jeou, du Parti nationaliste chinois (KMT, Kuomintang). Pendant ses huit ans de règne, rappelle le chercheur, « les relations entre les deux rives s’étaient vraiment améliorées ».
« La question militaire est réoccupante »
« Il y avait eu beaucoup plus d’échanges économiques, et même des relations entre les deux gouvernements, alors que ça a longtemps été très tabou », explique Mathieu Duchâtel, qui observe qu'à présent, « avec ce gouvernement dont l’orientation générale est plutôt pro-indépendantiste, même s’il ne souhaite pas déclarer l’indépendance, on est de nouveau dans une phase de tensions ».
Or, ajoute le Français, bon connaisseur des relations entre les « deux Chine », « il faut voir que de l’autre côté du détroit à Pékin, on va dans le sens de plus de pressions et c’est à ça que les Taïwanais répondent ». « Et même si l'on est encore loin d'un scénario de crise, conclut le chercheur, cette mise en avant de la question militaire est préoccupante ».
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