Roulement de tambour. Sous la coupole, devant un parterre d'officiels, d'intellectuels français, mais aussi beaucoup venus d'Haïti et du Québec, et en présence de François Hollande, c'est l'écrivain libanais Amin Maalouf qui accueillait le nouvel académicien : « La séance est ouverte. La parole est à M. Dany Laferrière pour son remerciement. »
Acclamé de toutes parts, l'écrivain a rendu hommage à son prédécesseur sur ce siège numéro 2 qu'il va désormais occuper, mais n'a pas oublié ses illustres modèles. « Pour moi, ce fut d’abord ce trio qui a inscrit la dignité nègre au fronton de Paris : le Martiniquais Aimé Césaire, le Guyanais Léon Gontran-Damas et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ce dernier a occupé pendant 18 ans le fauteuil numéro 16. C’est lui qui nous permit de passer sans heurt de la négritude à la francophonie. » Une francophonie que Dany Laferrière va servir encore plus en rédigeant avec les autres académiciens le dictionnaire officiel de la langue française.
Vêtu du traditionnel habit vert, brodé à Montréal, arborant fièrement son épée sculptée par un artiste haïtien, Dany Laferrière affichait dans la cour de l'Académie française son plus beau sourire, et malgré l'émotion, n'a pas oublié son légendaire sens de l'ironie surtout quand on lui demande ses nouveaux objectifs. « Ah ça, je n’ai jamais d’objectifs ! Mon vieux rêve, il est toujours le mien, c’est d’être un homme sans projet. C’est-à-dire de pouvoir un jour me glisser dans une baignoire rose et ne plus savoir dans quel siècle je suis. » Abolir le temps et traverser les époques, c'est justement le destin des académiciens dont on dit qu'ils sont immortels.