Le journal de la COP21 du lundi 30 novembre

Un journal à retrouver tous les matins pendant les deux semaines de cette COP21, avec plusieurs rubriques, dont un abécédaire pour comprendre les mots de la COP
La COP c’est la Conférence des Parties, les 196 États qui ont ratifié la CCNUCC. Derrière ce nom un petit peu barbare se cache la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elle a été adoptée au sommet de la terre de Rio en 1992. Son objectif : stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui évite tout danger pour la terre et ses habitants.
Pour atteindre cet objectif, la COP, la Conférence de ces 196 États, se réunit chaque année depuis 1995. En 1997 elle adopte le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005, un accord contraignant pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Il faut maintenant trouver un successeur à ce protocole, et ce sera tout le travail de cette COP21, la 21e COP depuis la création de ce rendez-vous.
Le coup d’envoi de la COP aujourd’hui, avec des négociations commencé hier
Avant ça une grande manifestation était prévue à Paris, mais à cause de l’État d’urgence suite aux attentats elle a été interdite. Les ONG avaient donc invité des milliers de militants à constituer une grande chaîne humaine pour dire non au réchauffement climatique et faire pression sur les chefs d’État ce lundi 30 novembre 2015. Mais cela ne les a pas empêchés de dire leur colère face à l’interdiction de manifester et à l’assignation à résidence de militants écologistes. Le reportage à Paris de Patricia Leconte.
Des personnalités s’indignent des mesures de sécurité imposées par l’état d’urgence. Parmi elles Bianca Jagger, ex-épouse de Mick Jagger, présidente depuis 2004 de Human rights Foundation et ambassadrice de bonne volonté du Conseil de l’Europe. « Je suis très troublée et très triste de voir les mesures qui ont été prises par le gouvernement français dans le cadre de l’État d’urgence. On est en train de sacrifier « Liberté, égalité » pour la sécurité. Rousseau a dit : « Je préfère une liberté dangereuse qu’un esclavage tranquille »».
À défaut de pouvoir défiler, la chaîne humaine a fait du bruit avec une grande clameur qui s’est répandu sur une bonne partie du cortège. Le slogan scandé par les militants : « État d’urgence, État policier, on nous enlèvera pas le droit de manifester ».
Après cette chaîne humaine, des incidents ont éclaté entre forces de l’ordre et un groupe de manifestants cagoulés, près de 300 personnes ont été interpelées.
Johan, militant écologiste, ne faisait pas partie des casseurs
Johan, qui travaille pour l’ONG Attac France, aidait les participants à constituer cette chaîne humaine : « J’ai 25 ans. Je suis arrivé au militantisme assez récemment, il y a à peu près un an. Je me suis engagé, je pense de manière pérenne, parce que c’est là où vraiment je me sens bien, ce sont les valeurs qui me correspondent, je pense ».
« Le déclic, ça a été un voyage à l’étranger, en rencontrant des gens et en me rendant compte qu’il fallait que je revienne dans mon pays pour essayer de faire bouger les lignes. Je pense que c’est pour ça que je me suis rendu compte qu’il fallait plutôt que j’ailler toquer à la porte des associations. Parce que j’ai déjà fait des stages dans le milieu un peu plus institutionnel et ça ne me correspondait pas du tout d’un point de vue des valeurs ; on sent qu’il ne se passe pas grand-chose et on n’a pas vraiment le droit d’avoir une parole militante ou subversive dans ces instances-là. Et c’est pour ça que le monde associatif me permet finalement de donner un message qui me paraît beaucoup plus apte à changer les grandes lignes de cette société ».
« Peut-être que moi je ne serais même pas là pour voir le résultat de ce que j’ai aidé à construire. C’est un combat de longue haleine… ».
Beaucoup de membres de la société civile, mais le plus important à la COP ce sont les négociateurs
Les négociateurs représentent les pays, et vont négocier le texte qui va remplacer (ou pas) le protocole de Kyoto. Ces pays pour avoir plus de poids sont réunis en groupes, il y en a une quinzaine en tout. Aujourd’hui présentation du groupe Afrique : 54 pays qui n'émettent que 4 % des gaz à effet de serre de la planète. Florence Morice
« Le groupe Afrique, formé de techniciens du climat fonctionnaires ou experts, s'est constitué autour des années 2000. Les pays du continent se rendent compte alors que le changement climatique n'est pas qu'une question de pays industrialisés, car ils en sont les principales victimes... À Copenhague en 2009, le groupe Afrique reste marginalisé dans les négociations, mais depuis il s'est renforcé : ses négociateurs sont mieux formés, plus aguerris, et le continent arrive à cette COP21 avec deux leitmotiv :
- ne pas se contenter d'une posture de victime : certes l'Afrique subit le réchauffement climatique, mais elle fait partie intégrante de la solution. Car elle est amenée à se développer, et elle dispose du plus grand potentiel d'énergies renouvelables au monde.
- l'Afrique ne signera pas un accord à tout prix et demande des garanties d'accès à des financements. Si possible sous forme de don et pas uniquement de prêt... Il ne faut pas que « la dette pour le développement soit remplacée par une dette sur le climat », prévient Seyni Nafo le porte-parole du groupe Afrique ».
Sur le même sujet