L'aéroport de Sainte-Hélène, rêve et cauchemar pour les investisseurs

Ce devait être un rêve ! Un aéroport à Sainte-Hélène, confetti de 121 km carrés, situé à 4000 km des côtes africaines, qui vivait depuis toujours dans l'isolement. Mais le rêve s'est transformé en cauchemar pour les habitants de l'île. Car les travaux ont pris des années de retard et les habitants qui avaient investi toutes leurs économies dans des projets touristiques se sont retrouvés pris à la gorge.
L’aéroport de Sainte-Hélène, avait été surnommé « l’aéroport le plus inutile du monde » par la presse britannique. Il est vrai que le projet a pris du retard, beaucoup de retard, et qu’il a coûté particulièrement cher. Johnny Herne en sait quelques choses. Cet auto-entrepreneur local a investi plus de 200 000 euros pour acheter et acheminer un bateau depuis la Grande-Bretagne. Mais les retards de l’aéroport ont mis à mal ses rêves de croisière touristique.
« Mes finances sont très très mauvaises. Chaque mois, je dois rembourser mon prêt, payer mon assurance et l’essence. Ça a été vraiment très dur sans revenus. »
Le secteur hôtelier a également souffert des retards de l’aéroport. Hazel Wilmot est la propriétaire du Consulate, un hôtel de charme situé dans la rue principale de Jamestown, la seule ville de Sainte Hélène. En avril 2016, l’hôtel a été réquisitionné pour accueillir une partie des officiels venus de Grande-Bretagne pour l’inauguration de l’aéroport. Finalement, celle-ci est annulée à la dernière minute.
« En prévision j’avais acheté de nouveaux réfrigérateurs, de l'équipement, et surtout des stocks de nourriture. Je m’étais préparée à absolument toutes les éventualités, parce qu’on vit sur une île très isolée, et qu’ici on ne peut pas juste retourner au supermarché si on a oublié d’acheter quelque chose ! Donc quand ils ont annulé l’inauguration de l’aéroport, j’avais quatre conteneurs en mer, remplis de nourriture, et de boissons, et en route pour Sainte Hélène. »
Il faudra attendre octobre 2017 pour que l’aéroport soit finalement inauguré. Après un an de calculs et de tests, il est décidé de privilégier un plus petit avion de 70 places. le seul à pouvoir se poser sur la piste, balayée par les vents.
« J’ai attendu l’ouverture de cet aéroport pendant huit ans. Mais maintenant qu'il fonctionne, les clients vont mettre du temps à arriver. Souvent les gens réservent leur vacances un an à l’avance, parce qu’ils ont besoin de temps pour tout planifier. »
A une rue de là, un autre hôtel s’en sort mieux. Le Blue Lantern a ouvert ses portes en 2012, en prévision de l’ouverture de l’aéroport. Craig Yonn, un des gestionnaires de la petite entreprise familiale.
« Maintenant que l’aéroport est ouvert, nous commençons à avoir plus de réservations. D’accord, nous ne sommes pas pleins, mais c’est bien mieux que ce que nous avons connu avant. Ça n’a pas été facile. »
Les autorités estiment que l’aéroport devrait amener 2 à 5000 touristes par an sur l’île de Sainte Hélène, mais il faudra du temps pour espérer voir un réel retour sur investissement.
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