Avec notre correspondante à Moscou, Caroline Gaujard
« Honte aux policiers, honte au tribunal, liberté pour les Pussy Riot ! », tels étaient les slogans scandés par les indignés du procès des trois jeunes femmes devant le tribunal de Moscou.
Les citoyens russes sont excédés par le système Poutine, qui gagne chaque jour un peu plus de terrain sur leurs libertés individuelles, car on est conscient en Russie que c’est bien le président russe qui tient les ficelles de ce procès politico-religieux.
Katia, âgée de trente ans, n’avait pas participé aux manifestations, au lendemain des élections législatives et présidentielles. Cette fois, elle a décidé de faire le déplacement :
« Je sens que je n'ai aucune liberté et le procès des Pussy Riot m'a fait ressentir tout le système qui existe en Russie, aujourd'hui. Je m'attendais à ce qu'elles prennent trois ans de prison mais si elles prennent deux ans, cela revient au même. Il s'agissait d'une protestation politique de leur part. Le tribunal a dit qu'il s'agissait d'une protestation religieuse, ce n'est pas vrai. C'est une protestation politique. J'ai très peur que ma liberté puisse être supprimée actuellement, je peux le ressentir maintenant. Je me dis que si cela continue, dans cinquante ans, on pourrait avoir un système identique à celui de la Corée du Nord ».
« Les Pussy Riot voulaient frapper un grand coup contre la machine judiciaire », disait cette semaine l’une d’entre elles. « Nous sommes seules, nous avons perdu. D’un autre côté, nous avons gagné. Le monde entier a pu voir ».
Elena Gordeeva est responsable de l’ONG « Moscovite prison et liberté ». Une organisation qui vient en aide aux prisonniers des camps russes et en particulier aux femmes.
Très éloignées de la capitale russe, ces unités héritées du Goulag, peuvent être assimilées à des camps de détention sévères, même si l’intitulé du verdict dans le procès des Pussy Riot dit « régime normal ».
Sauf acquittement en appel, les Pussy Riot seront chacune détenues dans des chambrées de 100 à 120 femmes en uniforme, avec leurs noms sur la poitrine.
D’après la responsable de l’ONG, des vêtements chauds sont bannis, et la jupe est de rigueur par tous les temps. Une partie des détenues possède un travail au camp, pour un salaire mensuel maximum de 75 euros, salaire ponctionné pour payer leur nourriture et autres produits de première nécessité.
« Là-bas on manque de tout, prévient Elena Gordeeva, ne serait-ce que de savon ». Celles qui se montrent coopérantes avec l’administration, ont quelques menus avantages. Les insolentes, elles, sont méprisées et maltraitées. Il fait peu de doute que les Pussy Riot se rangeront de ce côté.
C.G.