Les bougies sont allumées, les visages sont tirés, les larmes coulent. Des milliers d’Ukrainiens ont défilé aux abords de la place de l’Indépendance ce 20 février pour rendre hommage aux victimes de la Révolution, rapporte notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert. Tetiana était encore sur la place jusqu’à tard le soir. « Se retrouvent ici différentes émotions de différents groupes qui avaient participé à la Révolution. Ils sont ici pour se retrouver et se souvenir. Des amis, des patriotes, beaucoup de radicaux aussi », souligne-t-elle.
Le président Petro Porochenko et son épouse Marina se sont recueillis ce samedi sur l'allée de la Centurie céleste à Kiev, devant les portraits de plus de 100 victimes des tueries du Maïdan. Une marche a été organisée dans cette même allée où sont morts la plupart des victimes de la répression.
Des « projecteurs de la dignité » ont aussi été allumés dans la soirée sur des endroits où sont tombés les manifestants. Une prière pour l'Ukraine et des rassemblements réunissant des soldats, qui avaient combattu dans l'Est séparatiste prorusse, des volontaires et des militants ont eu lieu dans la journée à Kiev, Lviv, Kharkiv et d’autres villes ukrainiennes.
Présence des groupes nationalistes
Les commémorations citoyennes ont été détournées par les initiatives spectaculaires de groupes nationalistes, pour beaucoup liées aux forces armées actives dans le Donbass. Les militants ont mis à sac un bureau d’une banque russe et ont défié la police en érigeant une tente sur la place principale. Oleh est un combattant du bataillon Aidar. Pour lui, ce n’est que le début d’une nouvelle Révolution. « Tant que cet exécutif restera en place, nous ne trouverons aucune solution à la guerre ou à nos autres problèmes. En deux ans, le gouvernement n’a fait que voler, et voler. Alors nous ne voyons pas d’autre issue que de protester », explique-t-il.
La population est elle aussi frustrée après deux ans de guerre, de réformes lentes et d’une corruption toujours rampante. Mais elle est peu mobilisée, et ces nationalistes ne représentent qu’une minorité en Ukraine. Aussi la possibilité d’un nouveau Maïdan est aujourd’hui très faible. Mais le potentiel de nuisance et de violence des nationalistes est lui bien réel.
Plus de 250 responsables présumés des tueries sont poursuivis par la justice ukrainienne, mais aucune condamnation retentissante n'a encore été prononcée.