Sémir a 13 ans, il est élève en classe de cinquième dans un collège parisien. Pour ce garçon brun aux grands yeux clairs, « il suffit d’être derrière son ordinateur et comme la personne qu’on insulte n’est pas là, on se défoule d’autant plus ! ». Très courant sur Facebook : des insultes, des appels à la haine collectifs, autant de dérapages facilités par l'anonymat. Ainsi Sémir évoque le cas d'un camarade noir du collège qui a subi des agressions via Facebook. « On a dit de lui que c’était un "kébab brûlé" tout ça parce qu’il est noir, il en a pleuré ». Le jeune élève parle aussi d’agressions sous forme de photos détournées « j’ai vu sur Facebook une photo de moi avec un couteau sous la gorge ».
Des conséquences graves
Catherine Blaya est chercheuse, elle travaille sur la violence scolaire. Elle explique que les jeunes victimes de harcèlement sur la toile peuvent souffrir de paranoïa ou de sentiment de rejet. De rares cas de suicide se sont également produits. « Ce qui est alarmant dans ce type de violence, c’est la rapidité de dissémination. La victime n’a de prise sur rien. Il y a un effet tache d’huile, les insultes, les agressions peuvent être disséminées à des milliers de personnes et la difficulté, c’est d’y mettre fin. L’insécurité est d’autant plus grande qu’on ne sait pas qui agresse même si des enquêtes anglo-saxonnes montrent que ceux qui agressent et ceux qui sont agressés se connaissent. »
Des comptes Facebook fermés
Les auteurs d’agression verront leur compte fermé en urgence, a précisé le ministre de l’Education Luc Chatel. Mais la mesure a ses limites puisqu’il est très facile de rouvrir un autre compte en usurpant son identité. Si la chercheuse Catherine Blaya reconnait cette possibilité, elle se réjouit que l’Education nationale ait pris conscience du problème.
« Il y a des équipes chez Facebook qui travaillent sur ces comptes-là. Elles analysent les contenus. Les réseaux sont également passés au peigne fin. Il y a de la surveillance et de la vigilance. L’important maintenant, c’est la prévention, il faut expliquer… Il faut prendre en charge les victimes mais aussi les harceleurs. » Catherine Blaya se bat pour que les nouvelles technologies soient utilisées de manière positive.