
« Dans les quartiers où les populations d’origines asiatiques sont les plus concentrées comme à la porte de Choisy, cela représente entre 4 % et 6 % de l’électorat, ce qui n’est pas rien, explique Hélène Le Bail, chargée de recherches au CNRS/CERI, spécialiste des politiques migratoires et mobilités en Asie. A Belleville, dans l’est parisien, la communauté constitue encore 1 % à 2 % des électeurs, ce qui n’est pas négligeable. »
Se pose aussi la question de la deuxième génération de Franco-Chinois, davantage insérée et qui n’hésite plus à se faire entendre comme en 2010 dans le quartier de Belleville, ou encore lors de la grande manifestation qui a suivi la mort d’un commerçant chinois à Aubervilliers, aux portes de Paris, à la fin de l’été 2016.
« Ils sont nés en France, ils ont été scolarisés ici, ils pensent comme des Français, souligne Tamara Lui, présidente de l’association Chinois de France - Français de Chine (CFFC). Ils sont donc davantage politisés et n’hésitent pas à faire part de leurs revendications. »
Des jeunes qui manifestent pour réclamer une plus grande présence policière et plus de sécurité, la chose est suffisamment rare en Europe pour que cela fasse la Une des médias. Cela signifie-t-il pour autant que la sécurité est la seule revendication de la communauté des Français d’origine chinoise d’Ile-de-France ?
« On savait que la sécurité était un thème particulièrement apprécié de la droite, mais on ne voulait pas en faire un sujet politique, confiait Rui Wang, lors de la conférence organisée par nos confères d’Asialyst le 28 janvier dernier. Pour le porte-parole de l’Association des jeunes Chinois de France (AJCF), « la politique politicienne n’a plus lieu d’être dans une situation où une communauté devient cible de violences répétées. La sécurité, c’est le minimum du contrat social. »
« La sécurité, tout le monde la revendique, ce n’est pas propre à une communauté, insiste pour sa part Didier Soulivanh, entrepreneur dans l’export à destination de la Chine. Tous les candidats doivent garantir la sécurité à tous. Mais je pense que les thèmes de l’éducation et de la lutte contre l’analphabétisme doivent notamment être mis en avant. »