A l'ouverture du congrès, on ne savait pas encore quand se déroulerait le vote. Les pronostics divergeaient au sein même du syndicat. Peut-être ce mercredi 21 novembre ou bien demain, jeudi. En réalité, cela dépendra de la longueur des échanges préliminaires. C'est la première fois que le parlement de FO se réunit depuis que la crise a éclaté.
Un scandale des fiches, doublé d'une crise financière, avec un déficit de plus d'un demi-million d'euros en 2017 et surtout des révélations sur les notes de frais et les rémunérations des dirigeants dans la presse. Alors, pour crever l'abcès, la direction a prévu de laisser les responsables s'exprimer librement à la tribune. Des débats qui s'annoncent passionnés.
Autre inconnue : les règles électorales. Avant de se mettre d'accord sur leur futur dirigeant, les cadres doivent s'entendre sur le nombre de tours. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la question n'a jamais été tranchée. La plupart du temps, il n'y a qu'un candidat ; c'est la première fois qu'il y en a autant, signe peut-être de la division du syndicat.
Trois candidats, tous des hommes
En tous cas, une chose est sûre, un homme sortira du chapeau. Force ouvrière n'a jamais mis de règles de parité en place. Il y a donc peu de femmes dans les hautes instances.
En lice, donc, Patrice Clos, 53 ans, numéro un de la Fédération des transports et de la logistique. Fédération qui, hasard ou non, a été la première organisation du secteur à rejoindre officiellement les « Gilets jaunes ». Face à lui, Christian Grolier, 52 ans, secrétaire général de la fonction publique, et Yves Veyrier, 60 ans, membres du bureau confédéral.
Le jeu des pronostics est risqué. Mais plusieurs hauts dirigeants anticipent un match serré entre les deux derniers. En tous cas, derrière l'affrontement électoral de ces trois personnalités se cache une bataille de courants au sein de FO.
Deux stratégies divisent le syndicat
La crise a ravivé les divergences internes. Il y a d'un côté les partisans d'une ligne « revendicative », c'est-à-dire basée sur les grèves et manifestations. C'est celle qui avait été défendue par Pascal Pavageau et validée au congrès d'avril dernier. Courant dont sont proches Patrice Clos et Christian Grolier.
De l'autre côté, il y a les tenants du « réformisme », ligne basée davantage sur la concertation et défendue par Jean-Claude Mailly à la fin de son mandat. Jean-Claude Mailly qui comptait dans son entourage Yves Veyrier.
Par ailleurs, dans le climat délétère qui règne depuis plus d'un mois, les rumeurs vont bon train sur les trois candidats. Patrice Clos est accusé d'avoir des penchants « anarchistes », Christian Grolier d'être « trotskiste » et Yves Veyrier d'être « pro-Macron ». Des tendances que les candidats démentent.
Un agenda déjà bien chargé
Une fois élu, le nouveau dirigeant devra se mettre au travail rapidement. Les dossiers s'accumulent sur le bureau du futur numéro un. Pour Christian Grolier, la priorité sera de rassembler les troupes. Patrice Clos veut quant à lui remettre de l'ordre dans les finances du syndicat et réclame un audit financier de la confédération.
Pendant ce temps, l'agenda social ne s'allège pas, avec la concertation sur la future réforme des retraites, la négociation sur l'assurance chômage ou encore la mobilisation des gilets jaunes.
L'une des urgences de FO, ce sera aussi d'être rétablie pour l'élection professionnelle dans la fonction publique début décembre. Election qui pourrait prendre la température : FO est le premier syndicat dans la fonction publique d'Etat, le troisième dans les sections territoriale et hospitalière.