Dans un discours au siège de l’Unesco à Paris, le président français Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures pour protéger les enfants de l’exposition à la pornographie, et martelé sa volonté de durcir les sanctions pour consultation et détention d’images pédopornographiques. Les peines seront portées à cinq ans et leurs utilisateurs seront automatiquement fichés, selon le chef de l’État. Cela dans le but de leur interdire tout travail auprès d’enfants.
« Jusqu'à aujourd'hui, on pouvait avoir été condamné pour consultation et détention d'images pédopornographiques, mais exercer une profession en contact avec les enfants », a-t-il déclaré, justifiant que « cette information, pourtant capitale, n'était pas accessible à tous les employeurs ».
Des fichiers consultables par des responsables de crèches, écoles et clubs de sport
Selon cette mesure, les personnes condamnées pour ce délit seront inscrites au fichier Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS), une base de données créée en 2004 pour « prévenir la récidive des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes » et « faciliter l’identification des auteurs de ces infractions », selon son projet de loi.
En y inscrivant les utilisateurs de pédopornographie, Emmanuel Macron souhaite que « toutes les personnes qui dirigent des crèches, des écoles, des clubs de sport, des associations agréées non seulement [puissent], mais [doivent] consulter ce fichier quand elles embauchent quelqu'un ».
« Telle personne qui parfois a commis le pire, il y a cinq ans, dix, quinze ans, si elle a purgé sa peine, elle doit pouvoir se réinsérer dans la société. Mais on ne doit pas la réexposer à nos enfants », a-t-il précisé.
Aujourd’hui, on peut avoir été condamné pour consultation d’images pédopornographiques et exercer une profession en contact avec des enfants. Nous allons mettre fin à ce scandale absolu : pic.twitter.com/E29iuRUKhV
Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 20 novembre 2019
La France sous le choc d’une affaire de chirurgien suspecté de pédophilie
Ces annonces interviennent alors que la France est sous le choc d'une affaire de pédophilie d'une ampleur inédite. Un ancien chirurgien - condamné pour détention d'images pédopornographiques en 2005 - est suspecté d'avoir violé ou agressé de jeunes patients de 1989 à 2017. Actuellement, 250 victimes potentielles ont été identifiées.
Selon les estimations officielles, un enfant meurt tous les cinq jours de la violence de ses parents en France ; un jeune est victime d'une agression sexuelle toutes les trois minutes et plus de 8 000 mineurs se prostitueraient.
Lutte contre l’exposition à la pornographie
Emmanuel Macron souhaite également lutter contre l’exposition des enfants aux sites pornographiques, accordant aux « acteurs de l’internet » six mois pour « mettre en place un contrôle parental par défaut ». Actuellement, il s’agit d’une option volontaire. « Je sais que ça gêne beaucoup de plateformes, beaucoup d'opérateurs numériques », a-t-il dit. Mais « si dans six mois, nous n'avons pas de solution, nous passerons une loi pour le contrôle parental automatique ».
Il a enfin réclamé que les sites pornographiques renforcent les contrôles d'âge des internautes et souhaité que ce combat devienne européen, voire international, pour faire également appliquer ces obligations aux sites basés hors de France.
Des ONG proposent des mesures pour renforcer les droits de l’enfance
Selon 35 organisations non gouvernementales, associations et collectifs, la Convention internationale des droits de l’enfant n’est toujours pas pleinement mise en œuvre, quoiqu’adoptée par l’ONU et ratifiée par 192 des 193 États-membres. Lors de ce 30ème anniversaire, ces entités ont rassemblé 69 propositions sous le titre « De la Convention aux actes », abordant plusieurs thèmes au-delà de la protection numérique, défendue par Emmanuel Macron.
Pour Gauvin Tuzet, de l’association France-Parrainage, l’environnement doit avoir la priorité, car « c’est un sujet extrêmement important pour les jeunes générations », a-t-il affirmé à RFI. « L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a montré que trois enfants sur quatre en France respiraient quotidiennement un air toxique. Nos actes exhortent l’État français à prévoir des contractualisations avec les collectivités locales, pour que tous les espaces de vie des enfants soient les moins exposés possible aux pollutions de l’environnement », a-t-il affirmé.
et avec agences