Il y a quatre ans, le « mec de Bref » avait des poignées d’amour « un corps de nuage », comme il dit. Il avait l’air complètement paumé et vivait sur la planète « looser ». Il partageait ses doutes, ses angoisses et ses fantasmes en deux minutes et en vidéo. Quatre ans plus tard, on se rend compte que « le mec de Bref » est en fait un vrai comédien, qui fait du théâtre et du cinéma.
Même si on savait plus ou moins qu’il s’appelait Kyan Khojandi, qu’il était d’origine iranienne et qu’il était plutôt marrant, on n’était moins au fait qu’il faisait du stand-up depuis très longtemps, depuis son passage au cours Simon en 2004, et du stand-up même à New York et en anglais…s’il vous plait !
« Moi je suis un mec comme Jésus-Christ (...) qu'on voit souvent en slip »
Aujourd’hui « le mec de Bref » s’est mué en Kyan Khojandi. Il est né il y a 33 ans à Reims. Il a fait des études de droit assez poussées, d’où son plaisir de défendre avec convictions les « mots et les maux ». Il a eu plein de déconvenues amoureuses, parce que « malgré ses pulsions, il est un grand romantique », et dernièrement il a perdu 6 kilos à force de se droguer au jogging « pour pouvoir manger ce qu’il veut et avoir un petit chimiste dans sa tête qui lui fait kiffer la vie ».
Il est gentil, simple, plein d’humanité, poète, aimant et humble malgré son succès sur scène pour son spectacle Pulsions et sur grand écran dans Rosalie Blum, son premier premier rôle au cinéma. Pourtant, même quand il fait des selfies avec des dizaines de spectateurs à la fin de son show, ils lui parlent de Bref et c’est très bien comme ça. « La notoriété je ne l’ai pas cherchée. Mais c’est touchant d’être reconnu pour son travail. Alors je peux être le mec de "Bref" tant qu’on veut ! », explique le comédien.
« Y a une chose que j’ai compris dans la vie : avant je faisais des trucs pour réussir. Et puis j’ai arrêté parce que ça ne marchait pas. J’ai commencé à parler de ce que je connaissais le mieux : mon intimité et là, ça a marché ! Et "Bref" c’était ça. C’est "Bref" qui me permet aussi de continuer dans cette veine humoristique ! », conclut-il.
Quatre ans sabbatiques
Après l’arrêt de Bref en 2011, Kyan Khojandi a d’abord cherché à reprendre son souffle, à se retrouver. Pour se faire, il a écrit avec son complice Bruno Muschio dit Navo, Pulsions, ce spectacle rebondissant dans lequel il nous parle de ses fantasmes, de sujets tabous, qu’on n’aborde pas devant tout le monde : la masturbation, la bouffe, la vengeance, la mort. Parce que ces quatre ans n’ont pas été qu’une franche rigolade, passés à écrire des sketches hilarants.
Il a notamment connu un deuil important, celui de son père. Et c’est encore avec cette humilité, ce besoin de partager des sentiments, qu’il parle de ce décès : « J’ai décidé de rire des moments difficiles pour les transformer en bons moments. Mon père avait un fort accent iranien que j’imite souvent. Même mes visites à l’hôpital avant sa mort je les raconte dans l’humour : ça fait du bien à tout le monde. »
A la recherche de la « boîte à kifs »
Dans son spectacle Kyan Khojandi demande ce qu’on mettrait dans notre « boîte à kifs », s’il nous restait 25 secondes à vivre. Lui, il a choisi : vivre pleinement sa vie. Il veut par exemple repartir faire du stand-up à New York, utiliser son alto (instrument qu’il a longtemps étudié) dans un de ses spectacles. Il veut remercier et serrer la main de tous les spectateurs, tous les soirs après son show. Il veut parler en persan à ses fans iraniens, il veut continuer à être un bon pote et partager son succès avec ceux, comme Navo, qui lui ont permis d’arriver là. Il veut aimer pleinement, manger sans plus jamais ressembler à un petit nuage, faire rire tout le monde sans discrimination et surtout… être heureux !