Près de deux millions de personnes ont fui la Syrie pour se réfugier essentiellement dans les pays limitrophes. Avec 720 000 Syriens qui y sont réfugiés, le Liban arrive en première position des pays d'accueils. Vient ensuite la Jordanie avec 500 000 personnes qui y sont exilées.
Mais les réfugiés ont également fui en Irak et en Egypte. A cela, il faut ajouter les 4 à 5 millions de Syriens déplacés à l'intérieur du pays ; soit 1 Syrien sur 5 qui a fui sa ville ou son village.
Un exode qui multiplie les difficultés pour les pays voisins
Ces personnes arrivées en masse mettent une énorme pression sur les pays d'accueil. D'abord, il y a un besoin de soin, car les réfugiés sont régulièrement soit malades, soit blessés. Il y a un besoin de nourriture et un besoin d'infrastructures, notamment la mise en place d'écoles pour les enfants. Cette logistique pèse très lourd sur la région où les populations portent déjà elles-mêmes leurs propres problèmes notamment avec les conséquences politiques et économiques du printemps arabe.
En conséquence, les exilés syriens plutôt bien accueillis au début du conflit ne sont plus les bienvenus. Les populations libanaises, jordaniennes, égyptiennes ont le sentiment que le robinet du flot syrien se déverse d'une façon dramatique particulièrement depuis le dernier semestre. Les pays d'accueil restent démunis devant l'ampleur du problème.
Renfort financier de l'Union européenne, des Etats-Unis et pays arabes
L'Union européenne, les Etats-Unis, les pays arabes et d'autres pays comme le Canada ont fait des donations à travers l'ONU, qui a versé récemment plus d'un milliard de dollars à la région pour la soutenir économiquement. Mais malheureusement, l'ampleur de la tragédie est telle que seulement 40% des besoins peuvent être couverts par cette somme.
Alors qu'une conférence des donateurs est prévue le 25 septembre à New York, une étude menée par l'ONG Oxfam et publiée ce jeudi montre que de nombreux bailleurs de fonds n'ont toujours pas versé la contribution attendue au financement nécessaire pour répondre à la crise humanitaire en Syrie.
Oxfam épingle l'attitude de certains pays, considérés comme des mauvais payeurs, dont la France qui n’a donné que 47%, un peu moins que la moitié que ce que l’on attendait d’elle. François Hollande, en déplacement dans la région, avait annoncé 85 millions d’euros supplémentaires de la France pour répondre à la crise syrienne. « Ce n’était uniquement que de l’affichage, un maquillage des chiffres et des comptes, déplore Nicolas Verken,responsable des questions humanitaires au sein d'Oxfam France. La France se retrouve à la traine des grands pays qui sont impliqués dans la résolution de cette crise. Elle est loin derrière les Etats-Unis en pourcentage et très loin derrière des pays comme le Royaume-Uni ou la Norvège qui font des efforts significatifs pour aider et sauver des Syriens. »
Même si l'Europe et les Etats-Unis ont facilité les démarches d'obtention du statut de réfugié, le nombre de Syriens arrivés en Occident reste faible. Les deux pays européens accueillant la majorité des exilés syriens sont la Suède et l'Allemagne, des territoires possédant une vieille tradition d'immigration syrienne. Seulement 40 000 demandes d'asiles politiques ont été enregistrées jusqu'à aujourd'hui en Europe, une proportion réduite au regard des 2 millions de réfugiés en fuite.
Une situation qui risque de s'aggraver
Le principal obstacle que rencontrent les réfugiés à leur départ pour l'Occident réside dans l'obtention des visas. La politique sévère de distribution de visas par l'Occident dissuaderait les Syriens de demander l'asile en Europe ou aux Etats-Unis. Pour Wiliam Spindler, porte-parole du Haut Commissariat aux Refugiés, il est urgent que les autorités occidentales soient plus flexibles sur l'ouverture de l'obtention des visas à ces exilés.
Pour de nombreux spécialistes, un appui économique et financier est certes nécessaire, mais la mise en place d'une forte solidarité de l'Europe et des Etats-Unis est urgente. Cette solidarité doit obligatoirement passer par le partage avec le Moyen-Orient du lourd fardeau des réfugiés.