Lorsqu'il débute son mandat en 2007, Shimon Peres sait déjà qu'il ne va pas se contenter du rôle strictement protocolaire dévolu en temps normal au président israélien. Prix Nobel de la Paix en 1994, plusieurs fois ministre et chef de gouvernement à trois reprises, il est l'un des derniers survivants d'une génération d'hommes politiques ayant connu la fondation de l'Etat d'Israël.
Peres a su jouer de son aura
Dès les premiers mois de son mandat, Shimon Peres profite de cette aura pour devenir l'une des voix les plus critiques, en Israël, face à Benjamin Netanyahu. Sur des dossiers aussi sensibles que le processus de paix, les relations avec les Etats-Unis et le programme nucléaire iranien, il n'hésite pas à prendre le contre-pied du chef du gouvernement allant jusqu'à l'accuser, le mois dernier, d'avoir fait capoter en 2011 un accord négocié secrètement avec les Palestiniens.
Dimanche dernier, c'est lui qui est invité au Vatican, pour suivre une prière commune avec le président palestinien Mahmoud Abbas. La carrière politique de Shimon Peres s'achève sur cette image de paix et de dialogue. Mais Shimon Peres devrait sans doute continuer à jouer un rôle en coulisse, au sein du centre-gauche israélien, alors qu’aujourd’hui son successeur doit être élu par le Parlement.
Six candidats à sa succession
Réouven Rivlin, Dalia Dorner, Meir Sheetrit, Dalia Itzik et Daniel Shechtman sont les cinq candidats au poste de président. Ils ont recueilli au préalable les signatures des dix députés indispensables à leur candidature déposée le 27 mai 2014. Après deux semaines de campagne, l’un d’eux sera élu président d’Israël aujourd’hui, mardi 10 juin. Il aura obtenu la majorité des voix des 120 députés de la Knesset, qui votent à bulletin secret.
Si le favori des sondages est Réouven Rivlin, ex-président de la Knesset et membre du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ce dernier ne lui a pas apporté son soutien, l'inimitié entre les deux dirigeants étant de notoriété publique.
Le principal rival de Réouven Rivlin était le député travailliste Binyamin Ben Eliezer, un ancien de la gauche israélienne. Mais il a été forcé de quitter la course suite à des accusations de corruption portant sur l'achat d'une maison de luxe à Jaffa, près de Tel-Aviv. Meir Sheetrit, anciennement membre du Likoud, est centriste.
Dalia Itzik est travailliste. Elle a présidé la Knesset en 2006 et a également assuré l’intérim de la présidence de l'Etat d'Israël quand le prédécesseur de Shimon Peres, Moshé Katsav, a été impliqué dans une affaire de viol et a été suspendu. Deux candidats, enfin, ne sont pas issus du sérail parlementaire : l'ancienne juge de la Cour Suprême, Dalia Dorner, et le Prix Nobel de Chimie 2011, Daniel Shechtman.
Et si la justice a abandonné toute poursuite contre lui, les faits reprochés étant prescrits, le ministre de l'Energie, Sylvan Shalom, a finalement renoncé à se présenter à l’élection présidentielle : une ex-secrétaire l’avait accusé de délit sexuel.