Le chaos que l’on a vu vendredi, avec des milliers de touristes britanniques attendant vainement un avion à l’aéroport de Charm el-Cheikh, a disparu. Les départs sont maintenant mieux organisés pour les Britanniques, mais aussi pour les Russes. Ces derniers sont encore bien plus nombreux : selon l'agence fédérale russe chargée du transport aérien, 78 000 ressortissants se trouvaient en Egypte avant le début de l'opération de rapatriement.
Plusieurs milliers d'entre eux seraient déjà rentrés en Russie pendant le week-end. La décision de ne plus prendre les bagages sur les vols en direction de Londres ou de Moscou, mais de les expédier en avion-cargo, a facilité les départs des voyageurs. En Russie, le journal Komsomolskaïa Pravda détaillait dimanche les conditions de rapatriement appliquées : pas d'évacuation d'urgence, les touristes rentreront à la date prévue initialement.
Des représentants de l'Agence fédérale du tourisme sont arrivés au Caire, à Charm el-Cheikh et Hurghada, pour la coordination. Les passagers ne peuvent voyager qu'avec un bagage à main. Les valises sont renvoyées séparément vers l'aéroport Vnoukovo de Moscou. Parallèlement, il y a encore des avions qui arrivent à plein à Charm el-Cheikh, avec notamment des touristes allemands, italiens, d’Europe de l’est ou encore arabes.
Le maréchal Sissi et l'Occident face à une colère grandissante
Pour l'Egypte, c'est un coup dur économique. Combien de temps la suspension des vols va-t-elle durer ? « Tant que les conditions de sécurité ne seront pas pleinement garanties », indique Rostourisme. « Pas avant plusieurs semaines », précise le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, cité par notre correspondant à Moscou Etienne Bouche. D'où un sentiment de colère qui va croissant chez les Egyptiens, relate notre correspondant au Caire Alexandre Buccianti.
Cette colère est alimentée par les radios, télévisions et journaux, qui multiplient les reportages sur les conséquences dramatiques du départ des Britanniques et des Russes sur les travailleurs du tourisme, les petits avant les grands. Des médias s’en prennent aux Britanniques et aux Américains, à qui l’on reproche « une attitude inamicale », quand elle n’est pas qualifiée « d’hostile ». « Ils prétendent être alliés avec l’Egypte dans la lutte contre le groupe Etat islamique tout en servant la propagande et les objectifs des terroristes », écrit un éditorialiste.
Même le président Sissi a eu droit à des critiques de la part de certains de ses partisans. Ils lui reprochent de ne pas avoir annulé sa visite à Londres, où il venait d’arriver, quand le Premier ministre britannique David Cameron a annulé les vols sur Charm el-Cheikh. On reproche aussi à Sissi de ne pas s’être encore rendu à la station balnéaire. Une manière de symboliquement restaurer la confiance et d’exprimer sa solidarité avec les victimes égyptiennes du crash du tourisme.
Paroles de touristes britanniques
