De notre correspondant à Beyrouth,
Le groupe Etat islamique impose des restrictions aux habitants des régions qu'il contrôle et tout contact avec l'extérieur est sévèrement puni. Dans ces conditions, il est difficile d'établir un bilan précis des frappes aériennes opérées par les avions français contre Raqqa.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui affirme disposer d'un réseau d'informateurs sur le terrain, a indiqué que les premiers raids ayant suivi les attentats de vendredi côté français ont visé des positions de l'Etat islamique au nord et au sud de la ville de Raqqa, ainsi que des dépôts d'armes appartenant à l'organisation terroriste. Une trentaine de puissantes explosions ont été entendues lors du passage des appareils français.
Affaiblissement
Le directeur de l'OSDH affirme que le groupe Etat islamique ne parviendra pas à résister longtemps face aux frappes aériennes qui le prennent pour cible, y compris celles menées par la France. Il évoque le recul des troupes de l'EI devant les combattants kurdes et arabes au sud de la province syrienne de Hassaké, dans le nord.
Pour garnir ses fronts dans cette région, l'organisation aurait acheminé des renforts de la province de Deir Ezzor, à l'est de la Syrie à la frontière avec l'Irak. Des habitants de Raqqa, résidants au Liban et contactés par RFI, ont rapporté que le groupe Etat islamique a procédé à un redéploiement de ses troupes dans la ville de Raqqa et ses environs et a considérablement réduit ses mouvements dans la province.
Une nécessaire action au sol ?
Mais des experts militaires, interrogés à Beyrouth, assurent que les raids aériens, aussi intensifs soient-ils, ne peuvent pas inverser significativement les rapports de force sur le terrain s'ils ne sont pas accompagnés d'actions au sol. L'organisation EI dispose d'une profondeur géographique importante en Syrie et en Irak, ce qui lui permet de disperser ses troupes sur de vastes superficies.
Les services de sécurité libanais viennent de démanteler un réseau de l'EI responsable du double attentat-suicide commis le 12 novembre, qui a fait 44 morts et 250 blessés, dans la banlieue sud de Beyrouth. Certains de ses membres faisaient des va-et-vient entre le Liban et la Syrie via la Turquie.
Paris-Beyrouth : mêmes objectifs
Les services libanais sont bien rodés dans la lutte contre les cellules jihadistes et ils sont en contact permanent avec les services français, avec qui ils échangent des informations. Les enquêtes sont secrètes mais un influent député du Hezbollah a fait, ce lundi, une déclaration surprenante : Nawaf Moussaoui a dit que le groupe Etat islamique et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaïda, ont établi une étroite coopération.
En Syrie, ils ont coordonné une offensive, fin octobre, contre l'unique route reliant Alep aux régions contrôlées par le gouvernement. Selon lui, les deux organisations auraient aussi collaboré « dans les agressions criminelles survenues contre les citoyens français à Paris ». Le député du Hezbollah ajoute que le double attentat contre la banlieue sud de Beyrouth et les attaques de Paris sont semblables et servent les mêmes objectifs.
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