L'autonomie. C'est le projet politique du PYD, principale force combattante de la minorité kurde de Syrie. Depuis le début de la guerre, le PYD a pris contrôle de trois cantons, tous situés dans le nord de la Syrie, le long de la frontière turque. Des zones dans lesquelles les combattants kurdes ont parfois repoussé les jihadistes du groupe Etat islamique comme dans la désormais célèbre ville de Kobané.
Le PYD veut désormais un système de gouvernement pour ces régions, sous forme de fédération administrant les territoires et les populations locales, kurdes et non kurdes. Beaucoup s'opposent d'ores et déjà à cette idée, à commencer par la Turquie. Le voisin de la Syrie ne veut pas entendre parler d'une zone d'influence kurde à sa frontière, d'autant que le PYD syrien est organiquement lié à la rébellion kurde du PKK, en lutte contre le pouvoir turc.
Mais le projet d'autonomie des Kurdes de Syrie est aussi rejeté par le régime de Damas comme par l'opposition syrienne. Les deux ennemis sont d'accord pour refuser l'idée d'un modèle fédéral pour la Syrie. Le PYD n'a pas été invité aux négociations intersyriennes qui ont débuté cette semaine à Genève.
A Genève d'ailleurs, le chef de la délégation envoyée par Damas a dénoncé toute velléité de remettre en cause l'intégrité territoriale de la Syrie. « Les Kurdes de Syrie constituent une composante importante du peuple syrien, a déclaré Bachar al-Jaffari. Nous sommes fiers d'eux, et eux sont fiers de nous. Nous avons établi notre Etat ensemble, depuis des siècles. Parier sur une division des Syriens, sous quelque forme que ce soit, serait un pari voué à l'échec.
Les principes de base pour ces négociations inter-syrienne interdisent d'évoquer un tel scénario. Ce qui nous occupe ici c'est la façon de conserver l'unité de la Syrie, de respecter cette unité. C'est l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Syrie. C'est l'unité de la terre syrienne, et du peuple syrien. »