Avec notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil
« Ce soir, nous allons vous montrer quelque chose que le monde n'a jamais vu », assure Benyamin Netanyahu en entamant son intervention. Le ton est dramatique, la mise en scène travaillée : dans cette salle du ministère de la Défense à Tel Aviv, le Premier ministre israélien se tient devant un grand écran et deux objets imposants recouverts de tissus.
Le chef du gouvernement explique que les services de renseignement israéliens ont retrouvé le lieu où étaient cachées les archives nucléaires iraniennes. « Voici ce que nous avons obtenu : 55 000 pages. Et 55 000 documents de plus sur 183 CD. » Et de faire tomber les tissus. « C'est l'un des plus grands accomplissements des services de renseignement israéliens », se félicite-t-il.
Derrière le Premier ministre israélien, classeurs et CD sont alignés par dizaines. « En tout, ce sont plus de 100 000 documents qu’Israël s'est procurés », insiste Benyamin Netanyahu. Et ces documents - d’ores et déjà partagés avec les Etats-Unis, qui peuvent attester de leur authenticité assure-t-il - montrent à ses yeux que l’Iran a menti et ment toujours.
Le projet «Amad»
Selon le chef du gouvernement israélien, le premier mensonge des responsables de la République islamique est leur dénégation selon laquelle l’Iran n'a jamais cherché à développer des armes nucléaires. Le Premier ministre affirme que le projet Amad, développé par Téhéran, comprenait bien ce qu’il qualifie de « cinq éléments-clés d’un programme d’armement nucléaire ».
Et ce pays cherche toujours à développer des bombes atomiques, affirme-t-il. Cinq ogives, chacune aussi puissante que la bombe d'Hiroshima, destinées à être montées sur des missiles. « Je pense que je n'ai pas à vous rappeler que l'Iran n'a de cesse d'augmenter la portée de ces missiles. Ils peuvent atteindre Riyad, Tel Aviv, Moscou. Mais ils travaillent sur des portées encore beaucoup plus grandes. »

Le second mensonge fut selon lui d’affirmer - afin de conclure l’accord avec le groupe de grandes puissances internationales « 5+1 » - que le projet Amad avait été arrêté. Or, selon Benyamin Netanyahu, il se poursuit sous un autre nom mais avec les même employés.
Pour le Premier ministre israélien, le danger est mondial et l'accord sur le nucléaire iranien « offre une voie royale à l’Iran vers un arsenal atomique », et « n'aurait jamais dû exister ». Mais alors que Donald Trump doit prendre sa décision sur d’éventuelles sanctions visant l’Iran d’ici dix jours, il se dit confiant que le président américain prendra « la bonne décision ».
Washington acquiesce
Les informations dévoilées lundi par Israël sur un programme secret iranien pour se doter de l'arme nucléaire sont « authentiques » et souvent inédites, a réagi le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui dirigeait la CIA jusqu'à la semaine dernière. Le nouveau chef de la diplomatie des Etats-Unis a rencontré dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et a été informé de ces éléments, qui ont été rendus publics lundi tandis qu'il rentrait à Washington.
« Je sais qu'il y a des gens qui disent que ces documents ne sont pas authentiques. Je peux vous confirmer, pour vous, que ces documents sont réels, qu'ils sont authentiques », a-t-il dit à la presse à bord de l'avion. « On avait connaissance de ce matériel depuis un certain temps et on en a bien entendu discuté hier lorsque nous étions ensemble », a-t-il expliqué.
Dans une première réaction, l'Iran, qui a toujours affirmé ne pas chercher à se doter de l'arme nucléaire, s'est moqué des « pseudo-révélations » de M. Netanyahu. Le ministère des Affaires étrangères iranien a ensuite affirmé dans un communiqué que les accusations lancées la veille par le Premier ministre israélien étaient l'oeuvre d'un « menteur invétéré, en panne d'idées », des allégations « éculées, sans intérêt, et honteuses » de « dirigeants sionistes [qui] ne voient pas d'autres moyens pour assurer la survie de leur régime illégal que de menacer les autres en usant d'un bluff ressassé », a avancé le ministère dans ce communiqué publié sur son site internet.