Avec nos envoyés spéciaux à Bagdad, Sami Boukhelifa et Richard Riffonneau
La prière de la mi-journée s'achève à Bagdad. Mahmoud Moussa, père de famille, retrouve le camp de déplacés. Quatre années passées sous la tente, une éternité. Avec sa femme et leurs six enfants, ils sont impatients de retrouver leur village à l'est de Mossoul.
« On est partis à cause de Daech. Et aujourd'hui nous ne pouvons plus rentrer chez nous, explique-t-il. Dieu merci, notre maison est toujours debout, mais il n'y a plus d'eau et plus d'électricité. Il faut quatre heures pour rejoindre notre village depuis Mossoul. Il n'y a pas de route et il faut emprunter une piste poussiéreuse. S'il pleut, notre village est coupé du monde et plus personne ne peut y acheminer des vivres ».
Dans ces conditions, Mahmoud Moussa et les siens sont contraints de rester dans leur camp de Bagdad. Pour les élections législatives du 12 mai, les autorités leur ont renouvelé leurs papiers d'identité afin qu'ils puissent voter. « Si je vote, je choisirai un candidat qui ne soit pas corrompu et qui œuvre pour les déplacés. J'ai quelqu'un en tête, c'est un député qui se représente et durant son précèdent mandat il nous a beaucoup aidés ».

Plusieurs familles qui vivaient ici dans le camp, ont préféré rentrer chez elles après la libération de leur village. Elles ont passé une semaine ou deux dans leur maison et elles sont revenues au camp.
En aparté, Mahmoud Moussa se confie, ici c'est un vote pour un service rendu ou pour de l'argent. Mais loin de la capitale à Falloujah, les milliers de familles de déplacés oubliées de tous sont en colère. Elles menacent de boycotter le scrutin si leur situation ne s'améliore pas.