Kamel Jendoubi a présidé l'enquête menée par ce groupe d'experts de l'ONU. Selon le document, « des membres du gouvernement du Yémen et des coalitions, y compris l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, auraient mené des attaques en violations des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution qui pourraient constituer des crimes de guerre, qui ont touché, bien sûr, des victimes civiles. »
Du côté de la coalition, « ils auraient aussi également commis des actes qui pourraient constituer des crimes de guerre, y compris la maltraitance, la torture, les atteintes à la dignité des personnes, le viol, l’utilisation des enfants de moins de 15 ans pour participer activement à des hostilités. Du côté aussi des autorités de fait, c’est-à-dire les Houthis, [ils] ont [également] commis des actes qui pourraient constituer des crimes de guerre : la maltraitance, la torture, les atteintes à la dignité des personnes, l’utilisation des enfants de moins de 15 ans », énumère-t-il.
Ce membre du groupe d'experts signale que, plus qu'un tribunal qui serait mis en place pour juger ces faits, « c’est à un niveau supérieur qu’il reviendrait d’envisager les poursuites », notamment « le Conseil de sécurité qui va être saisi par le Haut-commissaire du rapport que nous avons fait en tant qu’experts indépendants. »
« Désastre humanitaire »
Selon Kamel Jendoubi, le premier pas dans ce conflit est « d'abord de limiter au maximum possible - pour ne pas dire arrêter - le désastre humanitaire. La première des recommandations, c’est l’arrêt des ventes d’armes aux différentes parties du conflit et l’arrêt de tout soutien militaire visant, effectivement, à prolonger davantage le conflit ».
L'expert présente les recommandations du rapport : « Autre recommandation, c’est de maintenir la question de la situation des droits de l’homme au Yémen dans l’agenda du Conseil des droits de l’homme aux Nations unies, notamment de prolonger, voire d’élargir, le mandat du groupe d’experts. Car son mandat jusque-là était relativement limité dans le temps et aussi dans les moyens qui ont été accordés. »
« Ce que nous souhaitons aussi, continue-t-il, c’est qu’il est vrai que la situation politique c’est la solution du conflit, mais que cette solution à au moins une exigence importante, le respect des droits de l’homme et bien entendu la lutte contre l’impunité, car on ne peut pas bâtir un avenir d’une population qui a tellement souffert par les crimes qui ont été commis par les uns et par les autres si l’on n’arrive pas à instruire un certain nombre de faits criminels qui ont touché ce pays. »