La production de vin en France durement frappée par les aléas météo en 2021

Des vignobles près de Saint-Emilion, dans le sud-ouest de la France (image d'illustration).
Des vignobles près de Saint-Emilion, dans le sud-ouest de la France (image d'illustration). AP - Bertrand Combaldieu

La France est rétrogradée à la troisième place après l'Italie et l'Espagne pour sa production de vin en 2021. C'est la deuxième fois en vingt ans qu'elle se retrouve à cette place. En cause : le changement climatique et ses effets, mais l’Hexagone reste toutefois premier exportateur de vins en valeur.

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Les aléas météo ont eu raison d'une bonne partie de la récolte française. 27% de raisins en moins pour ce millésime sauvé des eaux, mais qui a aussi subi le gel printanier, les pluies estivales et la grêle. En plus de cela, le Sud a eu droit à la sécheresse. À cause des pluies, la vigne a développé les maladies, notamment le mildiou, dû à un champignon, ou l'oïdium, qui se caractérise par une pourriture blanche.

La France a subi le plus durement les effets d'un millésime désastreux par rapport à ces voisins européens, constate l'Organisation Internationale de la vigne et du vin dans ses premières estimations. À peine 34,2 millions hectolitres produits en France.

La plus basse récolte depuis 1957

Il faut remonter à 1957 pour voir des niveaux de récolte aussi bas. Tous les vignobles français sans distinction ont subi le même sort. Une « demi-vendange » en Champagne, qui n'avait pas connu une si faible récolte depuis les années 1950. Des pertes allant jusqu'à 50 % dans la Vallée du Rhône et en Bourgogne (dans le Chablis certains viticulteurs ont perdu la quasi-totalité de leurs raisins). La production s'annonce d'un quart inférieure à la moyenne dans le bordelais. C'est l'hécatombe chez les producteurs travaillant en bio, en biodynamie ou bénéficiant du label Haute Valeur Environnementale, car leurs vignes ne peuvent pas être traitées chimiquement.

Manquera-t-on de vins ? Il est évident que ce millésime 2021 se fera rare. Mais les millésimes précédents, notamment 2020 et 2018, ont été abondants et les producteurs ont pu reconstituer leurs stocks. Suffiront-ils pour faire la jointure si la demande est toujours aussi forte ? C'est toute la question…

Les exportations dépassent les niveaux d’avant crise

Toutefois, la situation désastreuse dans le vignoble semble en partie atténuée par une forte reprise des expéditions. À commencer par les vins de champagne. Le Syndicat général de vignerons de Champagne s'attend à 305 millions de bouteilles vendues en fin d'année. Sur les six premiers mois de 2021, les ventes de champagnes ont progressé de 41,3%, par rapport à 2020, une année marquée par la pandémie. Mais surtout de 5,6%, par rapport à 2019, considérée comme une année « normale ».

La demande est aussi forte pour les vins de Bourgogne. Sur tous les continents les bourgognes affichent des hausses de vente de 17% en volume et de 22% en valeur. Suivent les vins de Bordeaux dont les exportations rebondissent enfin (21% de hausse en valeur sur un an). Grâce à leurs stocks de vins, les producteurs français espèrent garder leurs parts de marché. Surtout face à leurs collègues de l’hémisphère Sud qui ont pu bénéficier des conditions climatiques beaucoup plus clémentes.

Premier exportateur en valeur

Les Français comptent sur la reprise économique. Et les chiffres leur donnent raison : sur le premier semestre 2021, la France a exporté 7,2 millions d’hectolitres de vin pour un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros [source : Douanes françaises, Business France / Département Agrotech. [NB : 10% des volumes exportés depuis l’Hexagone ne sont pas des vins français, pareil pour 5% de la valeur exportée], soit une progression de 15 % en volume et 9 % en valeur par rapport au premier semestre 2019, période de comparaison. Ce sont surtout les pays tiers, malgré le repli britannique et chinois, qui rebondissent, plus que l’Europe.

Ainsi, la France reste premier exportateur mondial de vins en valeur. Et elle pourrait profiter de la tendance générale : d’après les prévisions de l’OIV, la consommation mondiale de vin devrait progresser de 2%, cette année, après un recul de 3% en 2020, année fortement affectée par les restrictions sanitaires liées au Covid-19.

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