Le Tchad, la petite équipe au «gros cœur»
Le Tchad est en préparation en région parisienne avant sa confrontation contre le Nigeria pour la première journée de qualification de la CAN 2017 (12, 13 ou 14 juin 2015). À la surprise générale, les joueurs tchadiens ont battu la Guinée de Luis Fernandez (2-1) lors d’un match amical à Saint-Leu-la-Forêt, dans le Val d'Oise, samedi 6 juin. Reportage.
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Envoyé spécial à Saint-Leu-La-Forêt,
Ils sont arrivés discrètement, les visages un peu figés. Même pour un match amical, le Tchad savait que l'enjeu était important pour continuer à grandir. Quelques heures plus tard, sous l’ovation de leurs supporters, les Tchadiens sont repartis joyeux vers d’autres aventures, notamment ce voyage au Nigeria pour un premier match difficile.
Toko a apprécié
C’est sous le regard de l'ancien attaquant tchadien Nambatingue Toko, qui a fait toute sa carrière en France avec un passage remarqué au Paris Saint-Germain, que l’équipe d’Emmanuel Tregoat s’est illustrée face à la Guinée. « Ça fait plaisir de voir mon équipe nationale. Ce n’est pas un pays très important du football africain. Mais il y a un début à tout. Pour l’instant je ne connais aucun joueur », commente Toko pour RFI. « On n’a pas beaucoup d’espoir en ce qui concerne la qualification pour la CAN 2017, mais c’est bien d’accumuler des matches pour continuer à apprendre », ajoute-t-il. Le Tchad ne s'est en effet jamais qualifié pour la phase finale d'une CAN.
Il y a un peu plus d’un an, l’équipe du Tchad s’est reconstruite grâce à Emmanuel Tregoat, qui a œuvré pour répertorier tous les Tchadiens évoluant en Europe au début de son contrat. Depuis, l'ancien entraîneur du Paris FC a remporté le tournoi de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale) en battant le Congo en finale (3-2). Une première pour le Tchad.
Emmanuel Tregoat a vu 70 joueurs avant de composer son groupe de 22 éléments qui va faire le voyage au Nigeria. Que peut-il espérer ? « Je ne veux pas fixer d’objectif. On va voir. On a un groupe solidaire qui écoute. Le travail commence à payer. Le projet est humain avant d’être sportif. Il y a aussi un travail de recherche et c’est intéressant », commente le coach qui sait que sortir d’un groupe où l’on trouve l’Égypte, la Tanzanie et le Nigeria sera compliqué.
« Un Tchadien, ça ne lâche rien »
Une chose est certaine : sur le plan diplomatique et politique, le Tchad sera bien accueilli pour cette rencontre face aux Super Eagles. « Le Nigeria sera sympathique avec une équipe considérée plus faible et un pays que se bat aux côtés des Nigérians contre la secte Boko Haram », confie Emmanuel Tregoat, qui est quand même « préoccupé » par les problèmes de sécurité. Le match se joue à Kadouna, au nord du pays, où la secte Boko Haram est très présente.
Sans oublier que le Nigeria doit oublier au plus vite sa non-qualification pour la CAN 2015, un affront pour le champion africain sortant à l'époque.
« Maintenant, on voit que cette équipe tient la route et c’est intéressant. Il y a un bon mélange entre les joueurs qui évoluent en Europe et les locaux. On travaille bien ensemble et c’est bon pour l’avenir si les autorités nous donnent les moyens de continuer, avoue Kévin Nicaise qui joue actuellement au RWDM Brussels FC, en deuxième division belge. Pour l’instant, on vit une belle aventure. On est un petit pays. Mais on est Tchadien et un Tchadien, ça ne lâche rien. On a un gros cœur et une grosse envie ».
Ezechiel Ndouassel, le capitaine des Sao et buteur face à la Guinée, sait que « le Tchad n’est pas très reconnu dans le monde du football ». Le pays est 172e au classement Fifa mais cela n’empêche pas Ndouassel de rester positif : « Le football est un jeu et il faut y croire. Je crois en moi et en mes coéquipiers. »
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