Des Africains aux Etats-Unis: la nostalgie de Samuel le Gabonais
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Suite de notre série de portraits sur les Africains qui ont choisi de tenter leur chance aux Etats-Unis. Aujourd’hui, nous faisons la rencontre d’un jeune manutentionnaire gabonais. Venu retrouver ses parents à Atlanta en 2008, Samuel (un pseudonyme) a régularisé sa situation aux Etats-Unis grâce à un mariage blanc. Il revient sur quatre années d’embûches et de labeur aux Etats-Unis, un pays où il se sent bien malgré tout.
De notre envoyé spécial
Au début, Samuel projetait venir en France. Il a finalement décidé de rejoindre sa famille installée à Atlanta. Il a connu des débuts difficiles : les petits boulots dans les fast-foods et le gardiennage, payés à la semaine et au noir. Il est parvenu à tromper ses employeurs sans grande difficulté.
« J’étais obligé de travailler avec les papiers d’identité de mes amis pour avoir des revenus. Je n’avais pas tellement peur, car tout le monde le fait. Ce qui m’a épaté en revanche, c’est que mes patrons ne vérifiaient rien. Tu leur donnes les papiers et tu as le boulot. Je ne leur donnais pas de faux papiers, mais sur les cartes, ce n’était pas ma photo, c’était celle de mes amis. »
Plusieurs formules de mariage blanc
Fatigué malgré tout du travail illégal, Samuel a décidé de recourir au mariage blanc pour régulariser sa situation, mais tout se paie aux Etats-Unis.
« A New York par exemple, un mariage blanc peut coûter dix mille dollars. En Géorgie, ici, c’est entre trois et cinq mille dollars. Tu donnes l’argent à la femme que tu épouses. Tu lui verses par exemple mille dollars avant le mariage, puis mille dollars avant l’entretien pour la Green Card, et avant de produire les documents pour avoir la Green Card définitive c’est encore mille dollars, et c’est tout, le deal est bon. Mais tu ne gardes aucun lien avec ton épouse, et tu ne vis pas avec elle. »
Les services de l’immigration américains exigent des preuves de vie commune avant de délivrer la Green Card définitive, qui donne le droit de résider et de travailler aux Etats-Unis. Samuel a donc préféré une autre formule : un mariage avec une afro-américaine qui avait besoin d’un homme au foyer. Seulement, ils ont eu un enfant non désiré : une petite fille qui est sur ses genoux aujourd’hui.
« Ce n’était pas du tout programmé. Je n’avais aucune envie d’avoir un enfant à cette époque et surtout pas avec elle, mais c’est arrivé. Ce sont les risques, quand vous décidez de vivre ensemble, tout peut arriver. »
« Tu as les factures qui arrivent tout le temps »
Aujourd’hui, Samuel vit dans un petit appartement à une quarantaine de kilomètres d’Atlanta avec une autre femme, sa vraie petite amie. Ils ont donné naissance à un enfant, source de beaucoup de bonheur, et de charges aussi. De longues vacations de travail attendent Samuel chaque jour. « Tu as les factures qui arrivent tout le temps, le loyer et tout, donc tu n’as pas le choix, il faut que tu travailles, sinon tu seras en retard de paiements. »
Malgré la fatigue, les difficultés, et les imprévus, Samuel s’accroche, il se dit heureux aux Etats-Unis, même si le Gabon lui manque un petit peu. « Mes amis me manquent, le quartier où j’ai grandi à Libreville aussi, la terre rouge, le paysage, et puis la souffrance. C’est là d’où je viens, je ne peux pas l’oublier. Mais je ne retournerai pas au Gabon si la situation ne change pas là-bas. Avec les problèmes politiques et économiques, ce n’est pas la joie là-bas. Il n’y a aucun avenir. »
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