Guinée: première inculpation pour viol dans le massacre du stade de Conakry
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Un gendarme guinéen a été arrêté et inculpé pour viol lors du massacre du stade de Conakry, le 28 septembre 2009. Placé en détention provisoire le 30 avril dernier, il a été entendu sur le fond, mardi 7 mai, par les juges. Pour les organisations de défense des droits de l’homme, cette nouvelle inculpation est une avancée mais, soulignent-elles, il n’y a pas encore eu de procès.
« Nous pensons que c’est extrêmement important que ces gens soient traduits devant la justice mais il faudrait que l’on voit aussi si ces gens seront effectivement jugés et que ce ne soit pas seulement un trompe-l’œil », a souligné Thierno Sow, président de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH), joint par RFI.
Pour la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et pour l’OGDH, cette première inculpation pour violences sexuelles commises le 28 septembre 2009 marque un tournant. Grâce au courage d’une femme qui a osé parler aux juges, un élément des forces de l’ordre a pu être arrêté. « C’est un signal fort qui est envoyé, par la justice, à ceux qui ont commis ces crimes », a déclaré Thierno Sow.
Selon un rapport de la Commision internationale d’enquête de l’ONU, 157 personnes avaient été tuées ce 28 septembre 2009 et au moins 109 femmes avaient été violées au stade ou dans les environs. Certaines avaient été emmenées de force dans des camps militaires ou des résidences privées pour être soumises à l’esclavage sexuel pendant plusieurs jours, selon ce rapport.
Sept inculpations - dont une pour viol - et aucun procès
Le gouvernement guinéen a mis en place un comité national de juges chargés d’enquêter sur le massacre. Ce jour là, le 28 septembre 2009, des milliers d’opposants étaient rassemblés dans le stade. Le pays était dirigé par une junte militaire menée par le capitaine Moussa Dadis Camara, contraint de quitter le pouvoir deux mois plus tard. Depuis trois et demi, six militaires ont été inculpés pour des crimes autres que les viols, mais il n’y a pas encore eu de procès.
Le colonel Abdoulaye Cherif Diaby – l’un des ministres de la junte au moment des faits – est toujours libre. En liberté également, le lieutenant colonel Moussa Tiegboro Camara considéré, par la commission d’enquête de l’ONU, comme l’un des principaux responsables de la répression. Le président de l’ex-junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, coule, quant à lui, des jours tranquilles au Burkina Faso. Quant à l’ex-patron de la garde présidentielle, le lieutenant Toumba Diakité, il est toujours en fuite.
Les associations de victimes restent, par conséquent, prudentes. Au-delà des inculpations, elles attendent des condamnations.
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