Nigeria

Nigeria: frappes aériennes dans les fiefs de Boko Haram

Moustapha tient un commerce à quelques mètres de la frontière nigériane dans la ville d’Amchidé. «Boko Haram ouvre souvent le feu sur les hommes en tenue côté nigérian. On ne sait pas ce qui se passe, on voit des gens tués. On a peur.»
Moustapha tient un commerce à quelques mètres de la frontière nigériane dans la ville d’Amchidé. «Boko Haram ouvre souvent le feu sur les hommes en tenue côté nigérian. On ne sait pas ce qui se passe, on voit des gens tués. On a peur.» RFI/Sarah Sakho

L’armée nigériane a annoncé, ce vendredi 17 mai, avoir mené des frappes aériennes et des attaques terrestres contre les bastions de Boko Haram, dans le nord-est du pays. Il s’agit de la plus grande offensive militaire contre la secte islamiste depuis 2009. Dans les trois Etats - Borno, Yobe et Adamawa -  où l’état d’urgence a été décrété, les populations sont effrayées ; les gens ont peur de sortir de chez eux.

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Les raids aériens se sont concentrés dans le centre et le nord de l’Etat de Borno qui partage des frontières avec le Niger et le Tchad. Ces raids aériens ont été couplés à des attaques terrestres. Des témoins, joints par RFI, indiquent avoir vu des colonnes de blindés et un déploiement de troupes sans précédent, notamment près des zones frontalières.

Le porte-parole de l'armée nigériane affirme que les opérations ont fait « des douzaines de morts dans les rangs de Boko Haram », sans plus de précisions. Contacté par RFI, le brigadier général Chris Olukoladé n'a pas souhaité donner de chiffres sur le nombre de morts ou de blessés dans les rangs de l'armée nigériane. Il a cependant mentionné que les raids ont principalement visé des camps de Boko Haram et ont permis de détruire des batteries antiaériennes, des véhicules, et des containers d'essence.

« Nous avons détruit les armes lourdes des insurgés - y compris des batteries antiaériennes et antichars - ainsi que leurs véhicules, des containers à fuel et des générateurs », a déclaré le porte-parole de l’armée nigériane à RFI.

Il est difficile de vérifier ces informations de source indépendante. En effet, les liaisons avec le centre et le nord du Nigéria sont perturbées, depuis jeudi, et aucun journaliste n'accompagne les militaires qui prennent part à l'opération.

Cette offensive militaire spectaculaire vise notamment à reprendre le contrôle de communes qui, de l'aveu du président nigérian Goodluck Jonathan, échappent depuis plusieurs semaines aux autorités du pays.

Beaucoup de civils s’inquiètent car l’armée nigériane a été accusée, à plusieurs reprises, de violation des droits de l’homme lors de ses actions contre l’insurrection de Boko Haram. Selon une source contactée par RFI, la population est effrayée. « Les rues sont vides dans les capitales des trois Etats - Borno, Yobe et Adamawa où l’état d’urgence a été décrété - ; les gens ont peur de sortir de chez eux. Ils ne savent pas ce qui va se passer », a fait part à RFI, Bello Abdulkadir, membre du Parti démocratique populaire (PDP) – parti au pouvoir au Nigeria – et du Forum politique des dirigeants du nord du Nigeria.

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