Le film «L'attentat» censuré par le Liban à la demande du bureau de boycottage d’Israël
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Le film L'attentat, du réalisateur libanais Ziad Doueiri, est interdit au Liban sous prétexte que certaines scènes ont été tournées en Israël. Adapté du roman éponyme de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, le film raconte l’histoire d’un médecin israélien qui découvre que sa femme est l’auteure d’un attentat-suicide à Tel-Aviv. Il sort ce 29 mai en salle en France et aux Etats-Unis.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Il y a quelques semaines, Ziad Doueiri était considéré comme une fierté nationale. L’une de ces figures libanaises qui ont brillamment réussi à l'étranger. Mais aujourd'hui, il est devenu un personnage controversé, presque un proscrit. Son film L'Attentat, diffusé partout dans le monde, est interdit au Liban et dans les pays arabes. La raison invoquée est qu'une partie du tournage a eu lieu à Tel-Aviv, avec la participation d'acteurs israéliens. La raison peut paraitre incompréhensible pour un Européen ou un Américain, mais au Liban, elle ne surprend pas.
Le film a été censuré par le Liban à la demande du bureau de boycottage d’Israël, rattaché à la Ligue arabe. Cette instance est chargée de lutter contre la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes. Et le Liban ne déroge pas à la règle. Les deux pays sont techniquement en guerre depuis 1948. Ils n'entretiennent pas de relations diplomatiques, économiques ou culturelles. Et le septième art n'échappe pas à cette règle impitoyable.
Ziad Doueiri a qualifié la décision de stupide et d'injuste. Il affirme avoir reçu des menaces qu'il prend très au sérieux. Il exprime sa consternation, dénonce la victoire de l’ignorance et dit avoir honte d’être Libanais. Mais la censure est demeurée insensible à ses propos. Pour visionner le film, les Libanais devront prendre l'avion pour l'Europe ou l'Amérique.
Amine est un médecin israélien d'origine palestinienne célébré par ses pairs. Il vit dans un quartier aisé de Tel-Aviv, marié à une femme qu'il aime follement. Mais un jour, son monde s'écroule, quand il apprend que son épouse est l'auteure d'un attentat-suicide ayant causé la mort de 17 personnes, dont des enfants. Le chirurgien à la carrière exemplaire va passer du statut d'intégré modèle à celui de paria, à la fois en Israël et dans les territoires palestiniens. Dans le film, l'épouse kamikaze est une chrétienne. Ses motivations apparaissent donc politiques, et non religieuses. Mais son geste demeure profondément mystérieux. Ziad Doueiri mêle questionnement intime -connait-on vraiment la personne dont on partage la vie ?- et politique, faisant entendre, en hébreux et en arabe, des personnages des deux parties du conflit.
RFI
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