Centrafrique

RCA: François Bozizé visé par un mandat d'arrêt international

L'ex-président de la République centrafricaine, François Bozizé, en juin 2011.
L'ex-président de la République centrafricaine, François Bozizé, en juin 2011. AFP PHOTO/JOHN THYS

Ce mandat émis par la justice centrafricaine a été transmis jeudi 30 mai à Interpol et aux autorités judiciaires camerounaises. L'ex-président centrafricain, renversé en mars dernier, se trouve toujours exilé à Yaoundé. Le nouveau pouvoir à Bangui accuse François Bozizé notamment de crimes contre l'humanité et d'incitation au génocide.

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Ce mandat d'arrêt s'inscrit dans la continuité des poursuites engagées début mai contre François Bozizé. Le ministre de la Justice assure que plus d'une dizaine de personnes sont déjà venues témoigner contre l'ancien président. Les plaintes s'accumulent et, selon un décompte toujours provisoire, le procureur de la République impute à l'ex-chef de l'Etat 22 assassinats, 119 exécutions sommaires, 53 arrestations arbitraires et 3 823 destructions d'habitations.

François Bozizé ne devrait pas rester seul à être accusé de ces crimes. Selon une source gouvernementale, une dizaine de ses proches en fuite, parmi lesquels l'on retrouve plusieurs de ses fils, l'ancien ministre Parfait Mbaye, l'ex-leader des Jeunes patriotes, Levy Yakété ou bien encore Eugène Ngaïkosset, surnommé le « Boucher de Paoua », feront bientôt l'objet d'un mandat d'arrêt transmis à Interpol.

« La commission d’enquête qui vient d’être créée est déjà à pied d’œuvre, donc la commission n’entend pas laisser impuni qui que ce soit. C’est la volonté du président de la République, affirme le ministre de la Justice, Arsène Sendé. En ce moment, il y a déjà quelques éléments de la Seleka qui sont dans les geôles de la section de recherche et d’investigation ».

Arsène Sendé qui dit avoir bon espoir que les poursuites contre François Bozize aboutiront :

« Le procureur de la République a déjà saisi le parquet de Yaoundé, Interpol également, donc nous attendons qu’ils mettent le mandat à exécution. Avec le Cameroun, nous avons la convention de Tananarive qui nous lie. Actuellement, la question qui se pose c’est de ne pas permettre l’impunité dans notre pays. Comme il doit être jugé par un autre tribunal, il vaut mieux que ce soit la CPI qui lui permette de répondre de tels actes devant la justice. »

Seront-ils suivis des faits ? On peut se poser la question. Au grand dam du nouveau pouvoir à Bangui, mais aussi de Ndjamena, François Bozizé ne semble en apparence nullement inquiété au Cameroun. Une mission du procureur de la République centrafricaine espère prochainement se rendre à Yaoundé pour obtenir la coopération d'autorités camerounaises toujours méfiantes à l'égard du changement de régime à Bangui.

La Cour pénale internationale (CPI), elle, a mis la Centrafrique sous analyse. Selon une source au bureau du procureur, cela signifie que des informations ont été collectées, mais que personne n'est encore directement visé par une enquête.

Pour Lévi Yakété, le porte-parole de François Bozizé, ce mandat d'arrêt est une fuite en avant des nouvelles autorités de fait à Bangui, et l'ex-président n'a rien à se reprocher.

Nous considérons ce mandat d’arrêt comme de la diversion. Les gens qui ont commis des crimes viennent aujourd’hui se considérer comme des justiciers. C’est une aberration. Cette justice des vainqueurs ne tiendra pas la route.

Lévy Yakété

 

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