Pretoria assure avoir des «preuves» contre les diplomates rwandais expulsés
Pour la première fois depuis le début de la crise diplomatique avec le Rwanda, l'Afrique du Sud s'est exprimée officiellement. Le ministre de la Justice sud-africain affirme avoir des «preuves» que les diplomates expulsés sont impliqués dans un meurtre et des tentatives d’assassinats d’opposants en Afrique du Sud. Le Rwanda rétorque que Pretoria a eu tort d’expulser ces diplomates «respectueux de la loi».
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C’est au Cap que Jeff Radebe, ministre sud-africain de la Justice, s’est exprimé lors d’une conférence de presse, ce mercredi. Une déclaration attendue depuis l’expulsion de quatre diplomates – trois Rwandais et un Burundais – au début du mois de mars, même si, officieusement, on expliquait déjà que cette décision de Pretoria était liée à l’attaque contre la résidence de l’opposant rwandais en exil, le général Kayumba Nyamwasa.
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Jeff Radebe a commencé sa communication à la presse en vantant les bonnes relations diplomatiques entre le Rwanda et l'Afrique du Sud, comme d'autres officiels l'ont fait avant lui. Des relations qui resteront inchangées, a assuré le ministre. « Ceci étant dit », Jeff Radebe est ensuite entré dans le vif du sujet. Le garde des Sceaux sud-africain a expliqué que ces diplomates ont enfreint leur statut en s’associant à des « activités illégales ». Il cite des « tentatives de meurtre, y compris un assassinat », faisant référence aux attaques contre l'ancien chef d'état-major rwandais, Kayumba Nyamwasa, et à l'assassinat de l'ancien chef des renseignements extérieurs, Patrick Karegeya, opposant en exil tué en Afrique du Sud. « Nous avons des preuves » de l’implication des diplomates, assure Jeff Radebe, sans les détailler.
Pour le Rwanda, la faute incombe à l'Afrique du Sud
Depuis Kigali, Vincent Karega, ambassadeur rwandais en Afrique du Sud, a d’abord expliqué à l’agence de presse Reuteurs n’avoir vu aucune preuve. « S’il y avait des preuves que le Rwanda faisait ce genre de choses, nous aurions réagi », a ajouté Vincent Karega. La réaction, comme souvent avec les autorités rwandaises, a été faite sur Twitter. « L'Afrique du Sud a eu tort d'expulser des diplomates rwandais respectueux de la loi », a écrit Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères. Elle insiste également, toujours sur ce réseau social, sur le fait que des « fugitifs rwandais continuent de mener des attaques terroristes » au Rwanda et que l'Afrique du Sud avait « plusieurs fois promis de s'en occuper », mais que « le problème est resté sans solution ».
Echange téléphonique entre Zuma et Kagame
Une source diplomatique sud-africaine assure à RFI que « les preuves sont accablantes », et accuse le Rwanda de faire de la propagande. Selon cette source, il est « pour le moment » hors de question de renvoyer des diplomates à Kigali, même si, de fait, l'ambassade d'Afrique du Sud à Kigali ne pourra plus délivrer de visas aux Rwandais. Cette même source ajoute enfin que le président sud-africain, Jacob Zuma, a averti par téléphone son homologue rwandais que ce genre d'attaque ne devait pas se reproduire. Dans la soirée, Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, a démenti l'information, la qualifiant de « pure fiction ».
@soniarolley @SAPresident @PaulKagame @RFI Good fiction reporting!
— Louise Mushikiwabo (@LMushikiwabo) 12 Mars 2014
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