Algerie / Maroc

Des migrants coincés dans une zone tampon à la frontière algéro-marocaine

Une quarantaine de Syriens sont bloqués depuis la mi-avril dans une « zone tampon » à la frontière de l'Algérie et du Maroc. Ils ont survécu dans cette vallée désertique grâce à l’aide des populations voisines qui leur apportent à boire et à manger. Les Nations unies décrivent leurs conditions de vie comme « déplorables ». Le Haut Commissariat pour les réfugiés appelle Alger et Rabat à leur permettre de rejoindre un lieu sûr.

Une clôture en construction le long de la frontière algéro-marocaine, en 2014.
Une clôture en construction le long de la frontière algéro-marocaine, en 2014. AFP PHOTO / FADEL SENNA
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La droite était peut-être le chemin le plus court entre la Syrie et le Maroc, mais ce n’était pas le plus sûr. Ces réfugiés ont donc fait un détour par le Liban, le Soudan, la Libye et l’Algérie.

Dans le désert algérien, ils ont réussi, avec l’aide de passeurs, à traverser une frontière théoriquement fermée avec le Maroc. C’était il y a un mois et demi. Depuis, ils sont bloqués aux abords de la ville marocaine de Figuig, dans une zone tampon entre les deux pays. La nuit, ils dorment à la belle étoile. Le jour, quelques draps leur permettent de s’abriter du soleil.

Le docteur Zouhair Lahna, un médecin marocain, est en relation avec eux par téléphone. « On reçoit tous les jours des doléances, des enfants qui ont des coups de chaleur. Là il fait 45 degrés en journée, et le soir ils sont attaqués par les scorpions, les serpents. C’est un peu frustrant de ne pouvoir rien faire », se désole-t-il.

Le docteur Zouhair Lahna dit avoir été empêché de les voir par les autorités marocaines.

Ils disent : ce n'est pas notre problème. Moi je dis c'est comme si quelqu'un était tombé dans la rue devant votre porte, et que vous disiez : c'est par mon problème.

Zouhair Lahna

La plupart de ces Syriens seraient originaires de la ville de Homs. Quelques-uns d’entre eux auraient des proches au Maroc et même en Europe. Dans un communiqué, le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) appelle l’Algérie et le Maroc à s’entendre pour « faire cesser cette situation dangereuse et  ».

Accès refusé au HCR

Mais qui doit accueillir ces Syriens coincés entre l’Algérie et le Maroc ? Les deux voisins se renvoient la balle. Rabat accuse Alger d’avoir expulsé ces demandeurs d’asile vers le Maroc – des accusations rejetées par l’Algérie.

Ni le Maroc ni l'Algérie ne reconnaissent qu'ils se trouvent sur leur territoire. Et c’est là où le bât blesse, selon William Spindler, un porte-parole du HCR à Genève. « Il y a des tensions entre les deux pays, et selon ces deux pays, ces personnes se trouvent en dehors de leurs territoires respectifs », explique-t-il.

Jusqu’à maintenant, le HCR n’a pu apporter aucune aide humanitaire à ces demandeurs d’asile. « On est en train de travailler avec les deux pays pour essayer d’avoir accès à ces personnes. On a des équipes dans les deux pays alors on peut le faire d’un pays ou de l’autre », souligne William Spindler.

Selon des défenseurs des droits de l’homme, expulser des demandeurs d’asile sans leur donner la possibilité de demander le statut de réfugié serait une violation des obligations internationales du Maroc. Sollicité par RFI, le ministère marocain des Affaires étrangères n'a pas souhaité réagir.

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