Guinée: plusieurs morts et des blessés dans des heurts lors du double scrutin
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La Guinée a vécu, dimanche 22 mars, un référendum et des législatives ternis par des violences qui ont fait des morts et des blessés, selon les deux camps. L’opposition, qui a boycotté ces élections contestées par la communauté internationale, entend faire barrage à un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé.
Avec notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah
Dix morts pour la seule journée de dimanche, selon le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ; quatre, selon le ministère de la Sécurité dont deux dans les violences et deux autres des suites d’un accident et par arrêt cardiaque, sans plus de précisions.
Le communiqué du ministère de la Sécurité ajoute que 9 agents de l’Unité spéciale de la sécurisation des élections dont 7 policiers ont été grièvement blessés, alors que le FNDC annonce que plusieurs dizaines de ses sympathisants ont été blessés par balles.
Cette guerre des communiqués intervient au soir d’un double scrutin législatif et référendaire souhaité et voulu par le pouvoir et contesté par l’opposition et le FNDC qui a connu des violences dans plusieurs quartiers de Conakry et dans certaines villes de province.
Des manifestants se sont attaqués aux bureaux de vote, ont saccagé puis incendié le matériel électoral dans plusieurs villes de la Moyenne-Guinée et dans des quartiers de Conakry favorables à l’opposition, toujours selon le ministère de la Sécurité.
Plusieurs individus ont été interpellés pour des faits de troubles à l’ordre public, détention et utilisation d’armes à feu, destruction de biens privés et publics, incendie, coups et blessures volontaires et rébellion, indique le ministère. Alors que le FNDC appelle, lui, à poursuivre les manifestations.
J’espère que tout se passera dans la paix et la tranquillité et que le peuple guinéen, comme en 1958, montrera sa maturité
Une journée du vote marquée par des violences
■ Le double scrutin à la Une de la presse
Avec notre correspondant à Conakry, Carol Valade
En trois titres forts, le site Guinéenews dresse son bilan. D’abord, dans « Un coup dur pour la démocratie guinéenne », le site rappelle les « bureaux saccagés », les heurts, l’armée mise à contribution pour « mater les manifestants ». Puis il écrit, dans « La défaite des vainqueurs et la victoire des vaincus », « Alpha Condé a réussi son coup en rendant possible la tenue des élections (…) mais sur le plan moral et symbolique, l’opposition et le FNDC ont remporté une victoire décisive ». Enfin, dans « Triomphe sans gloire pour Alpha Condé : le plus dur est à venir ! », le journal en ligne prédit une crise postélectorale.
Analyse diamétralement opposée chez Guinée7. « Et la Guinée ne brûla point ! », c’est le titre d’un édito où l’on peut lire qu’« In fine, des élections se sont bien déroulées sur la quasi-totalité du territoire national, dans un calme olympien ».
« Que nous réserve l’après scrutin ? », s’interroge Le Djely qui déclare un « match nul » entre le pouvoir et ses opposants. Avant de conclure, « Pour le pays et ses habitants, la routine serait la prévision la plus réaliste. Parce qu’ils ont le malheur d’avoir une classe politique qui se soucie très peu d’eux ».
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