Coronavirus: l'Afrique face à la pandémie le jeudi 26 mars
Publié le : Modifié le :
L’Afrique comptait, jeudi 26 mars, 2 819 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 73 personnes sur le continent, selon cette agence technique, le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Quarante-six pays sur 54 sont touchés.
Transports publics suspendus en Ouganda
Le président Yoweri Museveni interdit tous les transports en commun pour une période de deux semaines : autobus, minibus, taxis et tricycles. Seuls les véhicules particuliers – avec un maximum de trois personnes à leur bord –sont autorisés à circuler. L’objectif du gouvernement est de limiter les mouvements et contacts, a expliqué le chef de l’État lors d’une intervention, mercredi, qu’il a terminée en citant la Bible : « Va, mon peuple, entre dans ta chambre et ferme la porte derrière toi ». L’Ouganda compte 14 cas confirmés jusqu’à maintenant.
L’appel à l’aide de l’Afrique du Sud
Cyril Ramaphosa, le président de l’Afrique du Sud, le pays le plus durement touché par le virus, demande aux pays du G20, et plus particulièrement les plus riches, d’aider l’Afrique à vaincre le Covid-19. S’exprimant lors d’un sommet virtuel du G20 consacré à la pandémie, Cyril Ramaphosa a appelé la communauté internationale à protéger les populations, l’économie mondiale et les marchés financiers pour éviter « une longue dégringolade économique comme en 2008 ». Plus de 900 cas de coronavirus ont été confirmés jusqu’à maintenant en Afrique du Sud, où le confinement de la population entre en vigueur vendredi.
Grève du personnel soignant au Zimbabwe
Des milliers d’infirmières sont en grève pour réclamer des masques, des gants et des blouses. Dans un communiqué, l’Association zimbabwéenne des infirmières assure que ses membres ne retourneront pas au travail tant qu’elles n’auront pas obtenu de l’équipement protecteur individuel, de l’eau et une prime.
Un gel des prix en Gambie
Le gouvernement de Banjul bloque les prix des denrées de première nécessité, notamment le riz, la farine, le lait et le pain. L’exportation de ces produits est interdite, de même que leur stockage. Trois cas de Covid-19 ont été confirmés en Gambie jusqu’à maintenant.
La chloroquine testée au Sénégal...
Le Sénégal entend utiliser une molécule semblable à la chloroquine pour traiter les premiers malades du coronavirus, selon le professeur Moussa Seydi, infectiologue à l’hôpital de Fann de Dakar. L’hydroxychloroquine est un antalgique et anti-inflammatoire habituellement prescrit contre le paludisme. Dans un premier temps, le professeur Seydi administrera ce médicament et un antibiotique, l’azithromycine, à 96 personnes testées positives.
... et au Burkina, où le gouvernement a déclaré « l’état d’alerte sanitaire »
Un second essai clinique associant ces deux médicaments, dirigé par le docteur Halidou Tinto, doit également démarrer au Burkina Faso « très bientôt », selon le docteur Alkassoum Maïga, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Le gouvernement burkinabè a par ailleurs déclaré « l’état d’alerte sanitaire » face à la propagation du coronavirus. Le pays compte désormais 152 cas confirmés de coronavirus, avec sept décès. Et de nouvelles mesures ont été annoncées dans l’objectif de freiner la propagation du Covid-19. Ainsi, toutes les villes ayant enregistré un cas de personne contaminée sont mises en quarantaine depuis ce vendredi, et ce pour deux semaines.
Parmi elles figurent la capitale Ouagadougou, et aussi Bobodioulasso, Houndé, Banfora, Dedougou, Boromo, Zorgho ainsi que Manga. La réouverture des écoles et universités est repoussée au 14 avril prochain. Décision prise à la suite d’un e-Conseil de ministres, car avec la contamination de plusieurs ministres par le Covid-19, les séances de travail du gouvernement se font à distance.
En Côte d'Ivoire, report à dimanche des mesures d'isolement d'Abidjan
Abidjan restera connecté au reste du pays encore quelques jours. La mesure d'isolement de la capitale économique est reportée à dimanche. Ces restrictions de circulation ne concernent pas les marchandises. Quant aux personnes, un certains nombres de dérogations seront autorisées selon des modalités qui sont en train d'être définies par le gouvernement.
La Centrafrique anticipe une récession de 7,5%
Le président de la République s’est exprimé pour la deuxième fois à la nation jeudi soir au sujet du coronavirus. Faustin-Archange Touadéra a annoncé de nouvelles mesures à la suite de la détection d’un 5e cas le 24 mars, qui est suspecté d’être la première transmission locale dans le pays.
Parmi elles, recense notre correspondante Charlotte Cosset : la suspension des entrées en Centrafrique pendant quinze jours des voyageurs en provenance des pays à transmission locale, à l’exception des diplomates et des personnels humanitaires, la fermeture des établissements scolaires. Mais aussi la suspension des cérémonies et cultes religieux de plus de 15 personnes, l’interdiction des rassemblements publics de plus de 15 personnes, la limitation des cérémonies de deuil, de célébrations de mariage et cérémonies de dot à la stricte intimité familiale.
La restriction des mouvements de population entre Bangui et les provinces est aussi annoncée pour prévenir la propagation du virus à l’extérieur de la capitale. Pas de confinement général, ni de couvre-feu. Des mesures qui étaient craintes par les populations et estimées par certains comme inapplicables.
Henri Marie Dondra, le ministre des Finances et du Budget, anticipe une récession de 7,5% en 2020. Il salue les déclarations du président de la Banque mondiale, qui demande aux bailleurs internationaux un moratoire sur le remboursement de la dette des pays pauvres.
Pour moi, c'est une décision qui vient à point nommé. Aujourd'hui, la dette oscille autour de 650 milliards de francs CFA.
Henri Marie Dondra sur la nécessité de soutenir les économies africaines face à la crise du coronavirus
Au Soudan, des prisonniers libérés
Pour freiner la propagation du virus, les autorités soudanaises annoncent la libération de 4 212 prisonniers de droit commun à la prison d’el Houda à Omdourman, la plus grande ville du Soudan, qui jouxte Khartoum. D’autres libérations sont à prévoir, selon Aïcha Moussa, membre du Conseil souverain au pouvoir. Avant de sortir, les prisonniers s’engagent par écrit à ne pas commettre de nouveaux crimes ou délits.
En Éthiopie, des prisonniers graciés
La présidente Sahle-Work Zewde a gracié 4 011 prisonniers qui avaient été reconnus coupables de crimes mineurs. Sur son compte Twitter, la cheffe de l’État précise qu’ils avaient été condamnés à des peines maximales de trois ans et étaient sur le point d’être libérés.
Les maisons d’arrêt interdites aux familles au Cameroun
Les autorités ont suspendu les visites dans les maisons d’arrêt, gendarmeries et commissariats. Une circulaire précise que la température des agents doit être prise quotidiennement et les lieux de détention désinfectés.
Un fonds de solidarité en Mauritanie
Le président Mohamed Ould Ghazouani annonce la création d’un fonds de solidarité doté d’un montant de 25 milliards d’anciennes ouguiyas (61 millions d’euros). Il est ouvert à tous ceux qui voudraient y contribuer. Les autorités signalent un troisième cas de Covid-19, un ressortissant mauritanien âgé de 74 ans rentré récemment de France.
Des centaines de volontaires participent depuis mercredi à une campagne de sensibilisation contre la propagation du coronavirus dans les quartiers de Nouakchott, relève notre correspondant Salem Mejbour Salem. Elle est organisée par le Croissant-Rouge mauritanien. L’organisme humanitaire entend contribuer à une large diffusion des messages préventifs dans la capitale mauritanienne.
Réunion de la Croix Rouge en Mauritanie pour aider les plus démunis
Confinement de la population à Djibouti
À Djibouti, les autorités soulignent que le confinement à domicile est obligatoire. Cette obligation « ne doit souffrir d’aucun flottement », insiste le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf. Les boutiques, marchés, stations-service et boulangeries sont ouvertes.
Au Liberia, le président chante contre le virus
Le président George Weah, des choristes et musiciens enregistrent une chanson pour sensibiliser la population. Trois cas ont été confirmés jusqu’à maintenant.
Le Burundi s'en remet à dieu
Le gouvernement burundais s’en est pris aux « mauvaises langues » et autres « oiseaux de mauvais augure » qui le soupçonnent de cacher des cas de coronavirus dans le pays. Il n’y en a aucun jusqu’ici, a réaffirmé son porte-parole, Prosper Ntahorwamiye, qui justifie une nouvelle fois l’exception ou plutôt le miracle burundais par la volonté divine : « Le gouvernement de la République du Burundi remercie le bon Dieu tout puissant. Seule la grâce de Dieu a protégé le Burundi ».
L’opposition, la société civile dénoncent un discours qualifié de « contre-productif ». Pacifique Nininahazwe, l’une des figures de la société civile en exil, y voit un double défi à la société : « C’est une population qui risque de continuer à négliger la gravité de la pandémie en considérant qu’elle est spécialement protégée par ce pacte qui existerait entre les autorités burundaises et dieu. D’autre part, c’est des autorités qui se piègent par leurs propres discours et qui risquent de cacher les cas qui seraient découverts pour maintenir cette impression d’une protection spéciale ».
Mais le gouvernement ne se fie pas qu’à la protection divine. Il demande à la population de continuer à respecter les mesures de prévention déjà en vigueur. Avant de lancer une sévère mise en garde aux écoles française et belge du Burundi qui, « pour des raisons sournoises de manipulation de l’opinion », sont allées au-delà des mesures gouvernementales en décidant de fermer leurs portes.
► À lire aussi :Coronavirus: l'état du monde face à la pandémie le jeudi 26 mars
À Madagascar, l’aide aux plus démunis
Le président de la République a lancé un plan d’urgence sociale pour protéger les plus démunis du confinement (chauffeur de taxi B, receveurs, lavandières…). Des dons alimentaires sont distribués chaque jour depuis mercredi, et ce jusqu’à la semaine prochaine. Une action coordonnée par plusieurs ministères, la commune urbaine d’Antananarivo et aussi plusieurs ONG, dont la Croix-Rouge. Une opération dont l’enveloppe s’élève à 1,8 million d’euros.
Une centaine de personnes font la queue, en plein soleil de début d’après-midi à Ambohimiandro. Certains repartent avec des sacs sur leurs dos. Entre la cohue, l’attente et les curieux qui viennent regarder, les distances de sécurités pour empêcher la potentielle contamination ne sont pas respectées.
[Reportage] Les personnes âgées premiers bénéficiaires à Antananarivo
→ Quels sont les symptômes persistants du Covid-19 ?
→ Que sait-on des différents variants du Covid-19?
→ Covid-19: comment se calcule l’efficacité d’un vaccin et autres nouvelles scientifiques
→ Écoutez et lisez Infos coronavirus, notre chronique sur le Covid-19
→ Comment le Covid-19 a bouleversé de nombreux métiers
→ L'économie chinoise, grande gagnante de la crise du Covid-19
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne