Soudan: militaires et civils se renvoient la responsabilité de la tentative de coup d’État

Le général « Hemeti » et le Premier ministre Abdalla Hamdok se rejettent la responsabilité de la tentative de coup d'État au Soudan. (Image d'illustration)
Le général « Hemeti » et le Premier ministre Abdalla Hamdok se rejettent la responsabilité de la tentative de coup d'État au Soudan. (Image d'illustration) © EBRAHIM HAMID/AFP

Au Soudan, les réactions suscitées par le coup d’État manqué de mardi, attribué par les autorités à des partisans de l’ancien président déchu Omar el-Béchir, jettent une lumière crue sur les fragilités de la transition. Elles illustrent notamment les divisions qui demeurent entre civils et militaires chargés de la mener à son terme.

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Avec notre correspondante régionale, Florence Morice

En dépit des chants patriotiques diffusés mardi en boucle à la télévision publique, c’est bien les fractures au sein des autorités de la transition soudanaise que ce putsch manqué mettent une fois de plus en lumière.

Dès mardi, le numéro 2 du Conseil souverain, le chef paramilitaire Mohammed Hamdan Dogolo, dit « Hemedti », accusait « les politiciens », d’en être indirectement responsables. Mercredi, il a récidivé lors d’une visite dans un campement militaire, reprochant à ces politiciens d'avoir « négligé les citoyens et les services de base », trop « occupés par leurs luttes de pouvoir », ce qui aurait, selon lui, « engendré un mécontentement » général et « offert l’occasion » de cette tentative ratée.

Crainte d'une transition qui se rallonge

Sans surprise, le Premier ministre Abdallah Hamdok, chef de file de la composante civile de la transition, fait l’analyse inverse : affaibli par un contexte économique morose, il voit dans ce coup avorté, attribué notamment à des officiers de l’armée, la preuve qu’il est nécessaire de faire avancer l’épineuse réforme du secteur de la sécurité.

Une réforme freinée, entre autres, par le refus d’Hemedti d’intégrer ses forces de soutien rapide au sein d’une armée sous commandement unifié. Dans ce contexte, la crainte exprimée par plusieurs analystes est que ce putsch manqué – et derrière lui le spectre d’un retour au pouvoir de l’ex-président – ne puisse être utilisé comme un prétexte pour faire durer la transition, censée aboutir à un transfert du pouvoir aux civils.

► À écouter aussi : Aujourd'hui l'économie - Pourquoi l’économie soudanaise est aux abois ?

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