Le Soudan et le Soudan du Sud rouvrent leur frontière
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Après avoir été fermée pendant plus de 10 ans, la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud doit rouvrir ce vendredi 1er octobre, après un accord signé en août dernier entre les deux gouvernements.
Au total sept points de passage devraient ouvrir le long de cette frontière de plus de 2 000 km, permettant la libre circulation des biens et des personnes. La frontière entre les deux pays est officiellement fermée depuis 2011 suite à une dispute territoriale. À l’époque, le Soudan du Sud vient d’obtenir son indépendance. Khartoum et Juba se disputent le contrôle de plusieurs régions frontalières riches en pétrole, notamment la région d’Abiye. Et déploient leurs armées dans la région.
Au fil des années, les relations entre les deux pays se sont améliorées. La frontière est devenue plus poreuse, permettant aux populations locales de faire des va-et-vient pour effectuer des achats ou permettre le pâturage du bétail.
Économiquement mal en point, le Soudan et le Soudan du Sud ont également permis une reprise des exportations du pétrole sud-soudanais par les oléoducs qui traversent le territoire soudanais. Mais cette situation demeurait aléatoire.
Retour de la confiance entre les deux gouvernements
Aujourd'hui, la réouverture officielle de la frontière est un événement majeur, estime l’analyste politique Jok Maduk Jok. Elle indique un retour de la confiance entre les deux gouvernements, amorcé par la chute du président soudanais Omar el-Béchir. Mais surtout, elle va permettre de rouvrir les routes de transports entre les deux pays et de relancer l’économie.
Une cérémonie officielle était prévue pour marquer l'événement, mais on ne sait pas si elle aura lieu, car l’actualité a été particulièrement chargée ces derniers jours au Soudan. Le pays est dans une période de transition politique fragile. Ce jeudi, des milliers de personnes sont d'ailleurs descendus dans les rues de Khartoum pour soutenir le gouvernement civil. Depuis la chute du président Omar el-Béchir, le pays est dirigé par un Conseil souverain, composé de civils et de militaires, censé assurer la transition vers un pouvoir civil.
La semaine dernière les autorités ont annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État et donc il y a des craintes que les militaires ne tentent de ralentir cette transition et de rester au pouvoir un peu plus longtemps. Cette transition est également fragilisée par une crise économique sévère que traverse le pays, et des manifestations dans l’est du pays. Preuve de cette inquiétude, les envoyés spéciaux de la France, des États-Unis, des dirigeants de la Banque mondiale se sont succédé à Khartoum cette semaine pour soutenir le Soudan dans cette phase critique.
Aujourd’hui nous allons donc pouvoir redevenir un marché pour les produits soudanais, ce qui devrait contribuer à faire baisser les prix des produits notamment à l’intérieur du pays. Ces échanges devraient également créer des emplois, notamment pour les jeunes, et donc améliorer la situation globale et permettre plus de stabilité dans les deux pays.
Akol Miyen Kuol, analyste politique sud-soudanais
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