Maroc: les raisons du retour en force d'Abdelilah Benkirane à la tête du PJD
Publié le :
Le Parti de la justice et du développement (PJD) a subi une lourde défaite, le 8 septembre 2021, lors des élections législatives et locales. Il a été évincé du pouvoir après avoir dirigé le pays pendant une décennie. Pour tenter de repartir de l’avant, le parti islamiste conservateur s’est doté d’un nouveau chef loin d'être inconnu au bataillon : Abdelilah Benkirane.
Abdelilah Benkirane, 67 ans, a occupé le poste de Premier ministre du Maroc pendant plus de cinq ans, entre 2011 et 2017. Après la déroute de son parti, le PJD, lors des dernières élections législatives et locales, le natif de Rabat a été élu secrétaire général avec plus de 80% des voix, samedi 30 octobre. Un poste qu'il connaît bien pour l'avoir occupé pendant neuf ans, de 2008 à 2017. Comment analyser ce succès ? Pierre Firtion a interrogé Haoues Seniguer, maître de conférence à Sciences-Po Lyon.
« Compte tenu des résultats, on peut parler d'un retour triomphal d'Abdelilah Benkirane à la tête du PJD. Cela est lié, à mon avis, à deux raisons. L'une d'elle, c'est que Benkirane est associé, dans l'imaginaire et dans les représentations des militants du PJD, à la victoire initiale de 2011, qui a permis au parti d'être représenté au gouvernement... avec pour Premier ministre Abdelilah Benkirane précisément », explique Haoues Seniguer.
« La deuxième raison, c'est le style populiste, relâché de Benkirane, qui sait parler aux populations ordinaires, aux catégories populaires. Cette façon de s'exprimer séduit d'abord les militants du PJD, mais aussi au-delà d'eux, des secteurs de la population marocaine », poursuit le chercheur.
« Il y aurait peut-être une troisième raison : c'est qu'il associe à la fois un discours de fermeté et d'opposition vis-à-vis de ce qu'ils appellent "les lobbys, les diablotins et les crocodiles", ainsi qu'il appelle les acteurs troubles du "makhzen", et en même temps une ligne pro-monarchiste. Ces trois atouts expliquent en partie son retour triomphal », conclut Haoues Seniguer.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne