Mali: quand l'organisation Cédéao durcit le ton contre la transition

Le Premier ministre de transition Choguel Maïga lors de l'investiture du président de la trasition malienne Assimi Goïta le 7 juin 2021. (Photo d'illustration)
Le Premier ministre de transition Choguel Maïga lors de l'investiture du président de la trasition malienne Assimi Goïta le 7 juin 2021. (Photo d'illustration) AFP - ANNIE RISEMBERG

Les chefs d'État de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont décidé, dimanche 7 novembre lors d'un sommet exceptionnel, d'adopter des sanctions individuelles contre les dirigeants de la transition et leur famille. L'organisation sous-régionale entend ainsi rappeler les autorités de transition à leur engagement initial de tenir des élections (présidentielle et législatives), en février prochain, pour un retour à l’ordre constitutionnel. Le Mali décline l'échéance et dit « regretter » les sanctions.

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Les autorités maliennes ont indiqué vouloir repousser l'échéance de février, invoquant notamment le contexte sécuritaire. Et c'est ce qui a provoqué ce durcissement de ton de la part de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.

Présidence, Primature, Conseil national de transition… Si la Cédéao n'a pas précisé le nombre exact des personnes visées par les sanctions annoncées, ces dernières se comptent en centaines. Civils et militaires.

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Ce sont en fait tous les dirigeants et les membres des institutions de la transition ainsi que leur famille qui sont concernés par les interdictions de voyage ainsi que par le gel des avoirs financiers décidés par la Cédéao.

L’institution sous-régionale avait déjà brandi cette menace, au cours des derniers mois. Elle a donc décidé de passer à l’acte, après que les autorités de transition lui ont officiellement notifié leur « incapacité à respecter la date limite de transition », selon les termes du communiqué de la Cédéao.

► À la Une de la revue de presse africaine : La Cédéao impuissante

L’organisation rappelle, une fois encore, « la nécessité du respect du calendrier de la transition pour les élections prévues le 27 février 2022 », et « demande aux autorités de la transition d'œuvrer dans ce sens, afin d’assurer le retour rapide à l'ordre constitutionnel ».

Cependant, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, et son Premier ministre, Choguel Maïga, ont déjà clairement affirmé leur volonté de fixer une nouvelle échéance au cours des assises nationales censées s'achever fin décembre.

Le bras de fer pressenti de longue date, mais que les deux parties disaient vouloir éviter, est finalement bien lancé.

Bamako « regrette » les sanctions prises par la Cédéao

Car pour le gouvernement malien issu du coup d'État du mois d'août, les décisions de la Cédéao de sanctionner le Mali « ne tiennent pas suffisamment compte des aspirations profondes du peuple malien et des efforts employés (...) pour relever les défis auxquels le pays est confronté », a-t-il affirmé lundi 8 novembre au soir.

Dans son communiqué, le gouvernement malien assure vouloir poursuivre le dialogue avec l'organisation régionale pour la tenue d'un scrutin « libre et crédible » dans les « meilleurs délais ».

Pour Jeamille Bittar, porte-parole du M5 et proche du Premier ministre Choguel Maïga du même parti, les autorités maliennes ne devraient pas fléchir face aux sanctions de la Cédéao.

«L’environnement ne se prête pas aux élections, la Cédéao n’est pas en mesure de nous faire un dictat», dit Jeamille Bittar, porte-parole du M5

Démonstration de force

Comment interpréter ce durcissement de la position de la Cédéao ? Quels peuvent être les effets des sanctions décidées ce dimanche ? RFI a posé ces questions à Boubacar Haidara, docteur en sciences politiques, chargé de cours à l'université de Ségou et chercheur associé à Sciences-Po Bordeaux.


La Cédéao s’affirme enfin face aux autorités maliennes en leur faisant comprendre qu’elles ne pourront pas s’accaparer du pouvoir encore plus longtemps.

Boubacar Haidara, docteur en Sciences politiques.
Boubacar Haidara, docteur en Sciences politiques.

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