Éthiopie: seize employés locaux de l'ONU détenus par les autorités, six autre relâchés

Photo d'illustration: vue des limites de la capitale éthiopienne le 5 novembre 2021.
Photo d'illustration: vue des limites de la capitale éthiopienne le 5 novembre 2021. © Tiksa Negeri, Reuters

Au moins une vingtaine d'employés éthiopiens d'agences des Nations unies ont été arrêtés à Addis-Abeba, a-t-on appris ce mardi 9 novembre, par les autorités éthiopiennes. Six d'entre eux ont été libérés, selon l'ONU, mais seize restaient en détention dans la capitale d'Éthiopie. Ces arrestations ont lieu alors qu’un état d’urgence est en place dans le pays depuis une semaine, et que le gouvernement a appelé la population à dénoncer les espions.

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Ils seraient au moins 22, selon le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, qui s'est adressé à la presse ce mardi depuis le siège de l'ONU à New York. Tous sont employés par les Nations unies, en poste à Addis-Abeba. Certains ont été appréhendés directement à leur domicile par la police éthiopienne ces derniers jours. Une équipe de l’ONU a pu leur rendre visite dans différents commissariats de la capitale.

L'organisation mondiale demande leur libération immédiate et sans condition. Des notes verbales ont été envoyées en ce sens au ministère éthiopien des Affaires étrangères, rapporte notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin. Des individus ont déjà été libérés, relate M. Dujarric.

On ne connait encore ni les raisons ni les circonstances exactes de ces arrestations. Les Nations unies non plus. D’autant qu'on l'apprend au lendemain de la visite de leur représentant sur place, comme l'explique notre correspondante auprès de l'ONU à New York, Carrie Nooten.

Si un porte-parole d’Addis-Abeba a indiqué que les 16 employés onusiens toujours détenus l'étaient pour avoir participé à des actes de terreur, le porte-parole d'António Guterres, pour sa part, s'est borné à dire qu'aucune raison officielle n’avait pour l’instant été fournie aux Nations unies.

► À écouter aussi : Comment des massacres ont marqué le début de la guerre au Tigré

Ce que l'on sait en revanche, c'est que l'état d’urgence décrété la semaine dernière en Éthiopie permet aux forces de l'ordre d'appréhender des individus sans mandat d’arrêt. Depuis, plusieurs vagues d'arrestations ont déjà eu lieu, visant principalement des personnes d’origine tigréenne.

Stéphane Dujarric n'a pu confirmer l'ethnicité de ces employés locaux, alors que Tigréens et avocats indiquent sur place que les arrestations ciblent bien les Tigréens et uniquement eux, depuis la déclaration de l’état d’urgence. Il a admis en revanche que certains étaient déjà détenus contre leur gré pendant la visite du chef de l’humanitaire à l’ONU, Martin Griffiths. Celui-ci a quitté l’Éthiopie après avoir rencontré le Premier ministre Abiy Ahmed, ainsi que les autorités tigréennes.

La détention de personnel onusien indique en tout cas qu'un nouveau pallier a été franchi. C'est la première fois que les autorités éthiopiennes arrêtent des fonctionnaires internationaux. Lundi, la cheffe des affaires politiques des Nations unies, Rosemary DiCarlo, a déclaré que le risque d'une guerre civile généralisée en Éthiopie n’avait jamais été aussi réel qu'à l'heure actuelle.

Si MM. Guterres et Ahmed maintiennent un contact régulier, les relations entre l’ONU et l’Éthiopie se sont durcies depuis que l’accès humanitaire s’est compliqué, et que les ravitaillements – en essence notamment – se sont stoppés. Surtout depuis que sept cadres onusiens internationaux ont été déclarés persona non grata.

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