Burkina Faso: trois jours de deuil national après l'attaque à Inata
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Un deuil national de 3 jours a été décrété à partir de ce mardi 16 novembre après l’attaque d’un détachement de gendarmerie dimanche à Inata dans le Soum. Selon un dernier bilan revu à la hausse lundi soir, au moins 28 gendarmes et 4 civils sont décédés.
« Nous devons rester soudés et déterminés face aux forces du mal qui nous imposent une guerre sans merci », a réagi lundi 15 novembre le président burkinabè sur son compte Twitter.
Nous devons rester soudés et déterminés face aux forces du mal qui nous imposent une guerre sans merci.
— Roch KABORE (@rochkaborepf) November 15, 2021
Nous ne laisserons pas saper les fondements de notre Nation.
Je salue la mémoire de nos vaillantes FDS tombées sur le champ d'honneur.
Condoléances aux familles éplorées.
Dans un communiqué, le gouvernement a confirmé au moins 32 morts dans l'attaque de dimanche. Le bilan pourrait encore s’alourdir, alors que les recherches continuent pour retrouver des survivants selon une source sécuritaire. Dimanche, 14 novembre, 27 gendarmes ont été retrouvés sains et saufs, a précisé le gouvernement.
Inata, carrefour stratégique
Selon des sources locales, le détachement de gendarmerie d'Inata comprenait entre 100 et 150 hommes. L'attaque de dimanche a été menée par « un important nombre d'individus armés » circulant « à bord de plusieurs pick-ups et motos », a indiqué une source sécuritaire, qui a évoqué de longs échanges de tirs entre les assaillants et les gendarmes. Cette attaque contre les forces de défense et de sécurité burkinabè est l'une des plus meurtrières qu'a connu le pays qui fait face depuis 6 ans à des attaques jihadistes.
Rodrigue Fahiraman Koné, chercheur principal à l'Institut de stratégie et de sécurité, explique que cette attaque s'est produit dans une zone stratégique pour les groupes armés : la localité d'Inata est en effet un carrefour important dans le nord du Burkina :
C'est un carrefour stratégique pour les groupes extrémistes et violents qui veulent sécuriser des couloirs de trafic. Ce sont des zones où passe beaucoup de trafic de carburant, de munitions et d'armes. C'est aussi une zone aurifère. Donc c'est un espace stratégique.
Rodrigue Fahiraman Koné sur Inata : «c'est un espace stratégique»
La province du Soum, une région en proie à de nombreux groupes armés
Par Bineta Diagne
Développement local en panne et incompréhension avec l’État central… Cette région du nord du Burkina Faso, frontalière avec le Mali, connaît une série de problèmes et a été à plusieurs reprises la victime de groupes armés.
Parmi eux figurent le JNIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, l’EIGS, l’État islamique au Grand Sahara, mais aussi de nombreux petits mouvements qui évoluent en permanence. Ils instrumentalisent les frustrations exprimées par les populations locales.
Les groupes armés sont parvenus à s’implanter dans plusieurs localités. Ils contrôlent notamment des sites d’orpaillage, ressources importantes pour l’économie de cette région. Dans certains villages, les groupes armés prélèvent même des taxes.
Ces derniers mois, la violence est montée d’un cran contre les civils, les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et les forces de sécurité. Face à ces violences, les autorités mettent l’accent sur la réponse militaire : l’armée et la gendarmerie sont présentes à Arbinda, Kelbo, Djibo et Tongomayel. Des sites eux-mêmes régulièrement ciblés par les groupes armés.
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