La fondation Mo Ibrahim estime que la fracture vaccinale est un défi prioritaire pour l'Afrique

Alors que le FMI a mis en garde vendredi 3 décembre les pays développés contre les conséquences économiques du variant Omicron, en Afrique, le chemin vers la sortie de crise est encore long. C'est ce que souligne le nouveau rapport de la fondation Mo Ibrahim publié ce lundi 6 décembre. Dix défis majeurs sont mis en avant pour éviter de mettre à mal la reprise dans les 54 pays africains, déjà privés de « souveraineté sanitaire ».

En Afrique subsaharienne, seulement 4% de la population a reçu les deux doses de vaccin contre le Covid-19 à la mi-novembre 2021. Ici, dans centre de vaccination mobile, à Abidjan, le 23 septembre 2021.
En Afrique subsaharienne, seulement 4% de la population a reçu les deux doses de vaccin contre le Covid-19 à la mi-novembre 2021. Ici, dans centre de vaccination mobile, à Abidjan, le 23 septembre 2021. © REUTERS/Luc Gnago/File Photo
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La fondation Mo Ibrahim rappelle que seuls cinq pays sont en mesure d'atteindre l'objectif de 40% de vaccination d'ici à la fin de l'année, objectif fixé par l'OMS. À ce jour, l'Afrique a vacciné seulement 6% de sa population par rapport aux 66% dans les pays développés. Une situation qui favorise l’émergence de nouveaux variants, à l'image de l'Omicron, tout comme la réticence des populations à se faire vacciner.

Pour éviter que le continent devienne un incubateur à variants, la fondation plaide pour une souveraineté sanitaire, qui passe par le partage de doses et à terme l'augmentation de la capacité de production locale. À l'heure actuelle, les pays africains importent 99% des vaccins dont ils ont besoin.

Dès avril dernier, on avait déjà alerté sur le fait que si l’on ne vaccinait pas rapidement la population du continent et qu’on ne se mettait pas en mesure d’atteindre les objectifs minimaux fixés par l’OMS, il y avait de fortes chances de voir le continent se transformer en incubateur à variants.

Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la fondation Mo Ibrahim

En clair, si les pays africains n'arrivent pas à vacciner 70% de leur population d'ici à la fin de 2022, ils auront du mal à se remettre durablement de la pandémie, estime la fondation.

Le variant Omicron risque d'aggraver la situation économique

Et les nouvelles restrictions imposées aux voyageurs en provenance de l'Afrique australe n'arrangent pas les choses. Le coup de frein donné aux déplacements risque de couper le moteur de la reprise, ajoute-t-elle.

Vendredi, le Fonds monétaire international a prévenu qu'un « effondrement économique » dans les pays pauvres n'est pas exclu si le G20 ne prend pas de manière urgente des mesures d'allègement de la dette. Elle s'appuie sur les premières réactions des pays riches à l'émergence de l'Omicron.

Le potentiel est là mais il y a encore trois défis majeurs : l’accès à l’énergie (…). Le deuxième obstacle, c’est la fracture numérique. (…) et le troisième élément qu’on a mis en exergue, c’est la question des transports intracontinentaux…

Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la fondation Mo Ibrahim

►À écouter aussi : Invité du matin - N. Vallaud-Belkacem (ONG ONE) : « Il faut imposer aux laboratoires la levée des brevets » anti-Covid

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