Cameroun: éruption de violences inter-communautaires à Kousséri

Kousséri, la ville camerounaise située en face de la capitale du Tchad, est sous extrême tension depuis hier. Un affrontement entre deux communautés autour de la gestion d’un point d’eau en dehors de la ville a dégénéré et s’est transformé en conflit intercommunautaire. Mercredi, les deux communautés se sont affrontées, le marché a été brûlé et la ville est coupée en deux.

Pont de N'Gueli marquant la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le Logone.
Pont de N'Gueli marquant la frontière entre le Cameroun et le Tchad, sur le Logone. © Ruediger Nassauer/Wikipedia
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Dès la traversée du pont qui enjambe la frontière entre les deux pays, on aperçoit, côté camerounais, des groupes de jeunes armés de flèches, de lances et de coupe-coupe. Des check-point sont installés le long de la route qui mène au centre ville.

Cette partie de Kousséri, située à l’est, est tenue par les pêcheurs. En arrivant dans le centre, on découvre des rues vides, un marché désert, des boutiques calcinées. Sur la voie principale, un corps brûlé se consume. C’est un des belligérants des combats de la veille qui a été aspergé d’essence.

« Panique générale »

Plus loin, c’est le quartier des éleveurs. Là-bas, c’est une ambiance de panique. Des femmes et des enfants, perchés sur des motocyclettes tentent de quitter la ville en direction du fleuve pour se réfugier au Tchad. Selon la Croix-Rouge tchadienne, plus de 5 000 personnes ont traversé la frontière pour se réfugier à Ndjamena. Et hier soir, le flot continuait explique Khalat Ahmat Senoussi, président de cette organisation.

« Les gens continue de quitter leurs lieux en masse pour venir se réfugier ici à Ndjamena. C'était une panique générale qui a fait que les gens ont fui chacun de leur côté. Cela nous inquiète parce qu'hier, les gens ont passé la nuit à l'air libre. Il n'ont rien à boire, ni à manger. »

Ce jeudi en fin de journée, la tension était encore vive à Kousséri où malgré le fait que les forces de sécurité se sont interposés entre les deux camps, les autorités redoutent l’arrivée de renforts des deux côtés.

30 000 réfugiés

Selon le HCR, 30 000 personnes ont fui les violences depuis dimanche, en direction du Tchad. Dont 10 000 qui se sont réfugiés dans la capitale tchadienne, Ndjamena. La grande majorité des gens qui ont fui vers à Ndjamena sont des femmes et des enfants.

Selon la Croix-Rouge, il y a des blessés par balle et à l’arme blanche. Le Haut-Commissariat aux réfugiés, donne également un bilan de 22 morts et d’une trentaine de blessés graves, lors des violences de cette semaine.

Ce vendredi matin, la situation soit calme. Il n’y a pas eu d’affrontement confiait un journaliste local. En revanche, toutes les boutiques sont fermées, la circulation a un peu repris.

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