Éthiopie: une fenêtre d'opportunités pour des négociations de paix s'est ouverte

En Éthiopie, alors que la guerre est entrée dans une nouvelle phase avec le repli des rebelles tigréens dans les frontières de leur province, le gouvernement a officiellement lancé une initiative politique ces derniers jours. Il s'agit d'une « Commission de dialogue national », abondamment vantée par les autorités comme « un espace » où pourront s'exprimer les mécontentements. Un espace auquel n'auront cependant pas accès leurs ennemis tigréens.

Un tank détruit au bord d'une route, dans la région du Tigré.
Un tank détruit au bord d'une route, dans la région du Tigré. © RFI/Sébastien Nemeth
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C'est une « petite phrase », comme on dit, glissée jeudi à la fin du point de presse du ministre des Services de communication du gouvernement, Legesse Tulu. Une petite phrase que tous les observateurs de l'Éthiopie attendaient depuis l'annonce par la rébellion tigréenne de son retrait à l'intérieur de ses frontières « pour donner une chance à la paix », selon son chef, Debretsion Gebremichael, dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

Cette petite phrase est laconique : « Le gouvernement a décidé, a dit le ministre, d'ordonner à l'armée de maintenir ses positions dans les zones libérées sans avancer plus avant, et pour diverses raisons ». Selon les dernières informations en provenance du front, les forces fédérales et les miliciens amharas qui les secondent se trouvaient cette semaine à Alamata, la première ville se trouvant sur la route de Mekele, dans le sud du Tigré.

Aussitôt, la diplomatie américaine a salué cette annonce. Le bureau des Affaires africaines du département d'État en a aussi profité pour appeler l'Éthiopie à « mettre un terme aux attaques aériennes » et a « réitéré » son appel à l'Érythrée « pour qu'elle retire ses forces d'Éthiopie ». Il a enfin appelé les belligérants à « entamer des négociations » et conclu en répétant : « Il n'y a pas de solution militaire au conflit. »

Cela dit, la Maison Blanche a également annoncé ce vendredi avoir effectivement retiré l'Éthiopie des pays bénéficiaires de l'accord commercial de l'AGOA. Un retrait qui aura un impact sévère sur l'économie éthiopienne et notamment son industrie manufacturière.

►À relire : En Éthiopie, les autorités annoncent la mise en place d’un «espace» de dialogue

Une fenêtre d'opportunités pour des négociations de paix s'est ouverte, affirme de son côté l'International Crisis Group. Et parmi elles, d'abord, le renoncement, par la rébellion tigréenne, à sa demande de retrait des forces progouvernementales hors des territoires perdus dans l'ouest du Tigré comme précondition pour des pourparlers. Et ensuite, ce qui est qualifié de « nouvel appétit pour arrêter les combats » de la part de sources au sein du Parti de la prospérité du Premier ministre Abiy Ahmed.

Il reste, selon le groupe de réflexion, une incertitude : les divisions au sein de l'élite au pouvoir à Addis-Abeba. Mais l'annonce que les forces fédérales n'entendaient pas poursuivre leur offensive dans le Tigré est lue comme une victoire des partisans de la négociation.

Aujourd'hui, la priorité devrait être donnée à conclure d'abord un cessez-le-feu et permettre un approvisionnement humanitaire, continue le rapport. Les belligérants devraient « reconnaître leur légitimité respective » et une amnistie devrait être accordée aux prisonniers politiques.

Enfin, le processus de médiation de l'Union africaine devrait être réactivé, avec le soutien de tous les acteurs internationaux. Et ceux qui ont armé l'Éthiopie en drones, par exemple, dit l'ICG, devraient « apporter leur soutien à un processus de paix plutôt que d'alimenter une nouvelle guerre ».

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