Cameroun: quatre activistes condamnés à seize mois de prison pour «insurrection»
Au Cameroun, quatre activistes du collectif de la société civile Stand Up for Cameroon (Debout pour le Cameroun) ont été condamnés, vendredi 31 décembre, à 16 mois de prison ferme pour « insurrection ».
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C'était à la sortie d'une réunion du parti d'opposition Cameroon People's Party, le 22 septembre 2020, que les quatre militants ont été arrêtés. Une arrestation qui pour Edith Kah Walla, présidente du CPP, n'avait pas lieu d'être. « Ces jeunes ne sont pas des leaders du mouvement. Ce sont les membres de base, qui ont assisté à une réunion à l'intérieur du siège d'un parti politique. Et l'on n'a rien compris depuis les quinze mois qu'ils sont en arrestation sur le pourquoi, sur ce qui a motivé cette arrestation. »
La condamnation des quatre membres du collectif Stand up for Cameroon intervient après une vague de répression dans le pays. Cette semaine, plusieurs membres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), ont également écopé de peines allant d'un an à sept ans de prison pour avoir participé à une manifestation pacifique contre le régime de Paul Biya en 2020.
« Le message que le régime est en train d'envoyer aux citoyens en ce moment, c'est qu'ils n'ont pas de droit à quelque activité politique quelle que soit, continue Edith Kah Walla. Le régime Biya s'acharne sur tous ceux qui peuvent être considérés comme des opposants. »
« On arrête les gens et on les accuse de rébellion, d’insurrection »
L'avocat Felix Agbor Balla Nkongho, président du Centre pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique, estime, lui aussi, que les chefs d'accusation de « rébellion » ou d'« insurrection » se multiplient dans le pays et que les arrestations sont de plus en plus fréquentes.
« Avec la loi anti-terroriste de 2014 et vu le climat de guerre dans le sud-ouest et le nord-ouest du Cameroun, c’est facile d’arrêter quelqu’un : il suffit de dire que la personne est en train de travailler ou bien de faire quelque chose avec des terroristes. Pour les activistes, ce n’est pas facile de faire une réunion ! C’est comme ça qu’ils ont arrêté les anglophones de 2016 jusqu’à aujourd’hui. Ils ont fait la même chose pour les membres du parti de Maurice Kamto et aujourd’hui, ce sont les gens de Stand up for Cameroon. On arrête les gens et on les accuse de rébellion, d’insurrection, d’être des terroristes… C’est n’importe quoi. Je pense que l’on ne peut pas tromper les Camerounais. Nous savons tous que c’est une manière politique pour freiner tous ceux qui vont parler contre le gouvernement camerounais. »
La présidente du Cameroon People's Party, Edith Kah Walla, a fait savoir qu'ils déposeront un recours en appel, même si elle dit ne pas faire confiance à la justice.
En plus de leur peine de prison, les militants devront rembourser les frais de procédure engagés par le ministère public dans le procès, à hauteur de 376 000 Francs CFA.
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